60.000 femmes sont excisées en France : "La pratique est bien plus courante qu’on ne le croit"

par Julie BERNICHAN
Publié le 4 mars 2017 à 20h41, mis à jour le 7 mars 2017 à 11h05
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Source : Les vidéos infos

VIOLENCE CULTURELLE – Le réseau associatif "Excision, parlons-en !" a lancé ce vendredi la première campagne de prévention à destination des adolescentes de 12 à 18 ans. Une pratique interdite sur le sol français mais toujours réalisée lorsque les jeunes filles partent en vacances dans leur pays d’origine.

"Le sujet est tabou parce qu’il concerne le sexe, les femmes mais aussi les pratiques culturelles", s’indigne Marion Schaefer, la déléguée générale du réseau d’associations Excision, Parlons-en !. Pourtant, 60.000 femmes excisées vivent sur le territoire français, 500.000 au sein de l’Union européenne. "Près de trois adolescentes sur dix dont les parents sont issus de l’immigration d’un pays pratiquant traditionnellement l’excision sont à risques de l’être, ajoute la militante. La pratique est bien plus courante qu’on ne le croit."

C’est dans cette optique que son organisation a lancé ce vendredi une campagne de prévention à destination des jeunes filles de 12 à 18 ans, un public encore trop peu informé sur cette pratique et particulièrement concerné à l’approche des grandes vacances. 

Ils te prennent quelque chose qui t’appartient
Une victime de l'excision

L’excision est une pratique consistant à enlever une partie du sexe (clitoris, lèvres) des jeunes filles. Inutile pour leur santé, les conséquences sont très lourdes : "elles peuvent provoquer de graves hémorragies et des problèmes urinaires, et par la suite des kystes, des infections, la stérilité, des complications lors de l'accouchement, et accroître le risque de décès du nouveau-né", précise l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Sans oublier les répercussions psychologiques à vie. 

"Ils te prennent quelque chose qui t’appartient, qui n’est pas à quelqu’un d’autre, qu’on n’a pas le droit de toucher. Pourquoi ?", s’interroge une jeune femme qui a accepté de témoigner anonymement dans la vidéo de prévention de l'association. Une intervention rare avec des mots forts.

Des pratiques culturelles fortes

En France, l’excision est interdite par la loi et les sanctions dissuasives : jusqu’à 20 ans de prison en cas de décès. "Les parents et la famille sont au courant de ce qu’ils risquent, c’est bien pour ça qu’ils profitent des vacances pour faire exciser leurs filles dans leur pays d’origine, détaille Marion Schaefer. Ces familles choisissent d’y recourir pour rentrer dans le moule social et que leur fille puisse se marier par exemple." Une grande majorité de ces jeunes sont ainsi excisées vers l’âge de 15 ans.

Les pays concernés sont nombreux. L’opération est très pratiquée au Mali, en Mauritanie, au Sénégal et en Côte d’Ivoire mais aussi en Asie du Sud (Indonésie, Malaisie…) et en Amérique du Sud (Colombie, Pérou…). On estime que près de 140 millions de femmes ont subi une mutilation sexuelle dans le monde. 

Alors pour mieux informer les adolescentes, la campagne met à leur disposition un quizz afin qu’elles puissent évaluer leurs risques et des numéros de téléphone d'aide. "Ces jeunes filles ont des solutions et elles doivent le savoir", conclut la déléguée générale d'Excisions, Parlons-en !.

Elle "répare" les femmes victimes d'excision : qui sont ses patientes ?Source : Les vidéos infos
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