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Stuart, la start-up de la livraison express urbaine, passe sous contrôle de La Poste

Stuart comptait déjà La Poste à son capital aux cotés de business angels comme Jacques-Antoine Granjon et Olivier Mathiot. La Poste acquiert aujourd'hui la totalité du capital pour se renforcer dans un marché en très fort développement.

Lancé il y a dix mois, le service est disponible dans 5 villes en Europe : Paris, Barcelone, Londres, Lyon et Madrid, et revendique plus de 500 clients actifs.
Lancé il y a dix mois, le service est disponible dans 5 villes en Europe : Paris, Barcelone, Londres, Lyon et Madrid, et revendique plus de 500 clients actifs. (Photo Roméo Balancourt)
Publié le 7 mars 2017 à 01:00Mis à jour le 9 mars 2017 à 15:00

L'histoire de Stuart s'écrira désormais dans le giron de La Poste. Créée en 2014 par Benjamin Chemla et Clément Benoît, la jeune pousse spécialisée dans les courses urbaines rapides vient, selon nos informations, d'être rachetée par l'entreprise publique, qui détenait déjà 22 % du capital. Le montant déboursé pour acquérir les 78 % restants n'est pas connu à ce stade. Lors de sa création, une première levée de fonds avait permis d'apporter 1,5 million d'euros à la start-up. La Poste avait elle injecté la somme de 20 millions d'euros dans le projet.

Avec cette opération, La Poste se renforce sur un marché promis à un très fort développement, celui de la livraison express à la demande. Avec l'essor du commerce en ligne, les consommateurs deviennent en effet de plus en plus impatients. En passant par Stuart, les commerçants et e-commerçants de toute taille peuvent proposer à leurs clients des grandes métropoles la livraison de leur achat en une heure.

Lancé il y a dix mois, le service est aujourd'hui disponible dans 5 villes en Europe (Paris, Barcelone, Londres, Lyon et Madrid). Stuart revendique aujourd'hui « plus de 500 clients actifs, dont plusieurs très grands comptes », parmi lesquels Carrefour, Franprix ou Cdiscount, soucieux sans doute de répliquer à l'offre de livraison en une heure lancée récemment par Amazon à Paris. La start-up indique assurer plusieurs milliers de courses chaque jour.

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Un modèle de fonctionnement proche de celui d'Uber

Pour cela, elle s'appuie sur le modèle du « crowdshipping », qui décline les règles qui ont fait le succès d'Uber dans l'univers de la logistique. Les livraisons ne sont pas assurées par des salariés en CDI, mais par des coursiers sous statut indépendant, qui travaillent à temps plein ou quelques heures par semaine seulement.

Stuart assure la mise en relation selon les demandes des commerçants, en optimisant les trajets grâce à un système de géolocalisation en temps réel. Et se rémunère en prélevant 20 % du montant de chaque course.

Ce fonctionnement permet d'offrir de la souplesse et de la réactivité à un prix très compétitif. Mais il est très critiqué par les syndicats de l'entreprise publique, ainsi que par d'autres entreprises du secteur. Au début de l'année, le Syndicat national des transports légers a lancé une procédure devant le tribunal de commerce de Paris pour distorsion de concurrence contre 3 livreurs, dont Stuart.

Cette démarche n'a pas fait fléchir La Poste dans sa volonté de prendre totalement le contrôle de Stuart. La jeune pousse, assure-t-elle, « s'est attachée à proposer un modèle socialement responsable et innovant pour sa communauté de livreurs professionnels indépendants. Stuart a ainsi négocié pour ces livreurs une assurance responsabilité civile professionnelle, ainsi qu'une mutuelle santé adaptée à leurs besoins ». La démarche sera poursuivie, assure La Poste.

Pour l'entreprise publique, le défi sera d'intégrer Stuart sans voir s'évaporer au passage le dynamisme et la réactivité propres aux start-up. Pour cela, la jeune pousse va demeurer une marque et un filiale indépendante. Côté management, les deux fondateurs, Benjamin Chemla et Clément Benoît, vont quitter l'entreprise dans les prochains mois. Ils seront remplacés à la présidence par Diego Magdelénat et Paul-Ambroise Archambeaud. Ces derniers avaient eux-mêmes fondé Pickup, une jeune pousse rachetée par La Poste en 2009 et qui est devenue, depuis, le premier réseau de relais en Europe. Un exemple d'intégration réussies qu'ils vont être priés de dupliquer.

Grands groupes / start-up, une histoire agitée

Benjamin Cemla et Clément Benoît n'en sont pas à leur coup d'essai. Le premier avait créé en 2011 City Cake, le second Resto In. Après leur rencontre les deux entreprises fusionnent fin 2013. Moins d'un an plus tard, resto In qui emploie déjà 80 personnes dans 5 pays et réalise selon ses fondateurs 15 millions d'euros de chiffre d'affaires, est revendue au groupe La Poste.

Ces dernières années, l'histoire du rachat de jeunes pousses par des grands groupes français a été mouvementée, le bilan de leur intégration est mitigé. En témoignent les péripéties autour de Dailymotion. La plate-forme vidéo avait été rachetée par Orange, puis par Vivendi il y a deux ans (valorisée alors 285 millions d'euros), sans que des synergies ne soient réellement développées. Parmi les plus grosses acquisitions par des groupes français, figurent aussi celle de Doctissimo par Lagardère en 2008 pour 138 millions d'euros, ou celle d'Exalead en 2010 par Dassault Systèmes pour 135 millions. Plus récemment, Crédit Mutuel Arkéa a mis la main sur Leetchi. Les entreprises publiques ne sont pas en reste : en 2015, la SNCF a investi 28 millions d'euros dans OuiCar, pour une participation majoritaire.

Lionel Steinmann

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