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Opinion - Présidentielle : et les indépendants dans tout ça ?

LE CERCLE/HUMEUR - En France, les plateformes collaboratives sont en plein essor et le travail indépendant concernerait 13 millions d’actifs. Ne freinons pas cet élan. Voici nos propositions aux candidats à l’élection présidentielle.

Par Nicolas Cohen (entrepreneur), Nicolas D'Audiffret (entrepreneur)

Publié le 7 mars 2017 à 16:23

Selon la Freelancers Union, une entreprise de service américaine engagée dans la défense des travailleurs indépendants, 50% de la population active des Etats-Unis sera composée de travailleurs « freelances » en 2020. Pour la France, une étude du cabinet de conseil McKinsey estime que 13 millions de personnes travaillent - au sens large - de manière indépendante, soit 30 % de la population active.

Pendant longtemps, la France a été en avance dans ce domaine, notamment du fait du succès du statut d’auto-entrepreneur mais aussi grâce au développement de plateformes de l’économie dite collaborative (Blablacar, Drivy, La ruche qui dit oui...)

Pourtant ce phénomène de masse, porteur d’opportunités énormes pour le futur, est au mieux traité par le petit bout de la lorgnette par les candidats à la présidentielle, au pire totalement ignoré. Ce sujet primordial devrait être abordé de manière plus sérieuse et réfléchie, car la France a une opportunité unique à saisir en la matière et risque de rater le coche !

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Un choix pour beaucoup de Français

À la croisée de changements structurels dans la société (60 % des 18-29 se disent prêts à créer leur entreprise, selon une étude) et de révolutions technologiques (les plateformes internet rapprochent travailleurs indépendants et clients), le travail indépendant connaît aujourd’hui un essor mondial considérable (lire à ce sujet : Le travail indépendant gagne du terrain).

Hélas, cette opportunité risque de nous passer sous le nez.

Il représente une source inouïe d’emplois non délocalisables et souvent à destination des jeunes qui ont du mal à en trouver. Que ce soit un complément de revenu ou un revenu principal, le travail indépendant devient de plus en plus un choix pour les Français, plus qu’une situation subie.

Hélas, cette opportunité risque de nous passer sous le nez. Le travail indépendant et l’essor des plateformes est toujours traité de manière négative. De ce point de vue-là, le terme ubérisation/pulvérisation fait beaucoup de mal, ce qui n’aide pas à construire de véritables solutions.

Aider avant de taxer

Ainsi, la principale préoccupation des pouvoirs publics, souvent influencés par de puissants lobbies, est de taxer ces travailleurs indépendants avant de vouloir les aider à grandir.

Ainsi, le décret du 2 février 2017 relatif à l’obligation d’information en matière fiscale et de prélèvements sociaux des utilisateurs de plateformes, impose désormais aux prestataires de service, aux revendeurs réguliers de produits et aux créateurs de produits faits à la main de prendre un statut professionnel dès le premier euro gagné !

Plutôt que de profiter de ce phénomène de masse pour moderniser notre système social et économique, nous essayons de faire rentrer ce nouveau monde dans un modèle qui ne fonctionne plus (RSI, droits attachés aux contrats plutôt qu’aux personnes).

Quatre propositions

Loin de nous l’idée de vouloir mettre sous le tapis les problèmes que posent l’émergence de cette nouvelle économie, notamment en termes de concurrence déloyale et de protection sociale des indépendants. Nous souhaitons, au contraire, la création d’un cadre qui pourrait permettre à la France de capturer cet immense potentiel de création d’emplois et de valeur. Pour ce faire, nous soumettons quatre propositions aux candidats à la présidentielle.

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1. Fixer un seuil de professionnalisation pour les indépendants de quelques milliers d’euros de revenus annuels et accorder une franchise d’impôts et de charges sociales en dessous de ce même seuil pour encourager les Français à se lancer dans ces activités entrepreneuriales. En contraignant les indépendants dès le premier euro, on va dissuader les Français de se lancer et ainsi perdre des futures recettes.

2. Mettre en place une fiscalité et des droits sociaux progressifs tout au long de leur vie d’indépendant (en augmentant les seuils du statut d’auto-entrepreneur par exemple, ou en créant un statut unique d’indépendant qui regroupe les différents statuts existants aujourd’hui et instaure cette progressivité).

3. Simplifier la vie des artisans et autres chauffeurs de taxis pour faire face à la problématique de la concurrence déloyale : franchise de TVA comme pour les auto-entrepreneurs, aider les artisans à participer aux plateformes internet.

4. Adapter notre protection sociale à cette nouvelle économie en supprimant le RSI et en attachant les droits sociaux aux personnes plutôt qu’aux contrats, afin de mieux prendre en compte la réalité de la vie des indépendants (cumul d’emplois, changements de statuts entre travail indépendant et CDI ou CDD) sur le modèle de ce qui a été fait pour le Compte personnel d’activité.

La France a tout pour réussir dans cette nouvelle économie, à condition de savoir se réinventer comme elle a souvent su le faire par le passé !

Nicolas Cohen et Nicolas d’Audiffret, fondateurs des sites AlittleMarket.com et AlittleMercerie.com.

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