Crise à l'institut Pasteur : une enquête judiciaire ouverte

FAIT DU JOUR. Le célèbre organisme de recherche fait l'objet d'une enquête judiciaire. Un rapport met en cause la direction.

 L'institut Pasteur a été fondé en 1888 par le chercheur Louis Pasteur
 L'institut Pasteur a été fondé en 1888 par le chercheur Louis Pasteur LP/Arnaud Dumontier

    Louis Pasteur va se retourner dans sa tombe. Le célèbre institut, que le découvreur du vaccin contre la rage a créé, est en pleine tourmente. Selon nos informations, une enquête préliminaire est ouverte depuis décembre 2016 sur les conditions dans lesquelles de dangereux virus ont pu arriver à l'Institut Pasteur le 11 octobre 2015, de Corée du Sud, dans des conditions rocambolesques, et être manipulés sans que les autres autorités sanitaires soient au courant. «Certes la déclaration n'a pas été effectuée à temps, mais il n'y a jamais eu de risque sanitaire car les échantillons étaient inactivés», relativise Christian Bréchot, le directeur général de l'institut.

    Le directeur se défend


    Cet épisode s'inscrit dans une série d'événements délicats pour l'institut. Il traverse depuis le printemps 2016 une crise liée au renouvellement de mandat de Christian Bréchot, alors que les statuts de l'institut ne le permettent pas, compte tenu de la limite d'âge. Christian Bréchot a diligenté 17 expertises juridiques sur le sujet! Par ailleurs, le gouvernement a fait le forcing pour la prolongation de son mandat. Un «bleu», une directive du Premier ministre dans le jargon administratif, a été diffusé le 23 janvier pour demander aux trois représentants interministériels (Santé, Budget et Recherche) de voter le renouvellement de mandat du directeur général «pour une durée d'un an renouvelable une fois». Raté. Le lendemain, le conseil d'administration (CA) de Pasteur a retoqué le changement de statut à trois voix près... Dans le même temps, un rapport confié à l'inspection générale des affaires sociales (Igas) est assez sévère sur la gestion de l'institut.

    Christian Bréchot se défend. «Il est faux de dire que je m'accroche à mon poste car c'est l'assemblée générale de Pasteur qui a souhaité mon renouvellement. Mais j'accepte la décision du conseil du CA. Par ailleurs, les productions de Pasteur sont prolifiques et très cotées à l'international.» Quoi qu'il en soit, il y a urgence à restaurer l'image de l' institut qui vit beaucoup de la générosité du public. «Pasteur n'a pas besoin de cette crise. C'est une vitrine extraordinaire de la science française, notamment à l'étranger. C'est un peu la voix de la France dans le domaine de la santé. Mais on se rend compte que, derrière cette belle façade, l'arrière-salle est un peu décrépie», explique un ex-cadre de l'institut, très présent à l'international.