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Exploration

Il pourrait y avoir eu beaucoup plus d'eau sur Mars que ce que l'on pensait

Une expérience conduite en laboratoire par des chercheurs américains montre que les météorites martiennes pourraient avoir préexisté sous une forme plus riche en hydrogène et en oxygène.

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Image d'un cratère d'impact causé par la chute d'un astéroïde à la surface de Mars.

Image d'un cratère d'impact causé par la chute d'un astéroïde à la surface de Mars.

©NASA/JPL/University of Arizona

Les preuves de l'existence passée sur Mars d'un environnement riche en eau s'accumulent. L'une des dernière en date nous vient du département de géosciences du Nevada, dont les travaux font l'objet d'une publication dans le magazine Nature Communications. Et cette dernière est très originale car elle s'appuie uniquement sur des expériences conduites en laboratoire, et ne se base seulement que de manière indirecte sur des météorites martiennes retombées sur Terre. Car oui, comme nous vous l'expliquions dans cet article, des roches provenant de la croûte de la planète Mars peuvent être éjectées lorsqu'un impacteur de grande taille vient en percuter la surface. Ces roches peuvent alors être projetées hors de l'atmosphère de la planète rouge, à la manière des gouttes d'eau qui éclaboussent très loin lorsque vous jetez violemment un pavé dans une mare. Et si l'une de ces roches dérivant dans l'espace est capturée par le champ de gravité de la Terre, elle peut alors retomber sur le sol de notre planète.

L'étude de telles météorites martiennes, à la composition minéralogique bien spécifique a montré une richesse en un composé appelé "merrillite" ( "Ca9Na[Fe,Mg][PO4]7" pour les intimes). Or, ce composé minéral dérive d'un autre (appelé whitlockite) dont il est la forme dite "anhydre", c'est-à-dire totalement dépourvue d'eau. En d'autres termes, le whitlockite peut se transformer en merrillite en perdant (entre autres) des atomes d'hydrogène et d'oxygène, les "briques" qui constituent les molécules d'eau.

Un impact de météorite reconstitué en laboratoire

Les chercheurs se sont alors demandés si les météorites martiennes (riches en merrillite) que l'on retrouve sur Terre n'auraient pas préexisté sous cette forme plus riche en hydrogène et en oxygène qu'est le whitlockite. Sous l'effet du colossal impact d'un astéroïde venant frapper le sol de Mars, elles se seraient alors ainsi "asséchées". De fait, en laboratoire il est possible de faire perdre ses atomes d'hydrogène (et une partie de son oxygène) à un échantillon de whitlockite en le chauffant à plus de 1000°C. Pour vérifier cette hypothèse, les chercheurs ont recréé un (petit) impact d'astéroïde en laboratoire. Dans un premier temps, ils ont fabriqué un échantillon pur de whitlockite, puis l'équipe a projeté dessus un impacteur à une vitesse de 2700 km/h. Après analyse aux rayons X, l'équipe a pu constater que 36% de la Whitelockite s'était transformée en merrillite. Plus probablement sous l'effet de la brève mais intense augmentation de la température consécutive à l'impact, que celui des forces de compression.

D'après les chercheurs, cette expérience montre qu'il est possible que les météorites martiennes aient été à l'origine bien plus riches en hydrogène et en oxygène que ce que l'on supposait. "Si ne serait-ce qu'une partie de la merrillite (retrouvée sur les météorites martienne NDLR) a été de la whitlockite autrefois, cela change complètement le "budget" de l'eau sur Mars", affirme Oliver Tschauner, co-auteur de l'étude, dans un article de présentation de ses travaux. Il pourrait donc y avoir eu beaucoup plus d'eau que ce que l'on pensait jusqu'à présent à la surface de la planète rouge. Reste que pour le moment, ces résultats sont purement théoriques. Car rien ne prouve que ces météorites riches en merrillite aient été autrefois de la whitlockite. Seule une analyse in-situ (ou une mission permettant de ramener des échantillons) pourra corroborer ou non cette hypothèse.

La présence d'eau sur Mars ne fait aujourd'hui plus de doute. Les observations des différentes sondes ont montré la présence de glace aux deux pôles, et le rover Curiosity a révélé la présence de structures géologiques qui ne peuvent avoir été sculptées que par de l'eau liquide. D'autres observations ont même montré que de des stries noires d'humidité visibles depuis l'espace se formaient périodiquement à la surface de certaines régions de Mars. La présence d'eau sur notre voisine intéresse les chercheurs au plus haut point car sans elle, la vie sous la forme que nous lui connaissons ne peut pas se développer. La présence, autrefois, d'une abondante quantité d'eau liquide, alimente donc les espoirs de découvrir les traces d'anciennes formes de vie à la surface de Mars. C'est l'objet de la mission Exomars 2020 qui verra décoller un nouveau rover à destination de la planète rouge... encore loin d'avoir révélé tous ses secrets.

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