Article proposé par Exponaute
La pêche fut miraculeuse. À l’occasion d’une plongée dans les eaux au large de la Sicile, une équipe de chercheurs a découvert deux casques corinthiens, une ancre, des récipients qui contenaient probablement des huiles coûteuses, une amphore entière (et quelques autres brisées en mille morceaux) ainsi que quarante-sept lingots d’orichalque, l’ensemble de ces pièces archéologiques étant daté du VIIe siècle avant notre ère.
Le tout reposait depuis près de deux mille cinq cents ans à trois cents mètres de fond, près du site de Gela, une ancienne colonie grecque installée sur la côte méridionale de la Sicile, en Italie. Mais déjà deux ans plus tôt, un premier groupe d’archéologue avait remonté à la surface quelque trente-neuf lingots métalliques qui attendaient d’être découverts dans les eaux claires de la Sicile.
Les côtes de l’île sont en effet riches en épaves, composant par là un véritable vivier archéologique. Les chercheurs ont connaissance depuis de nombreuses années de la présence de deux autres épaves situées dans cette même zone maritime.
Dans ce type de galères, il est très courant de retrouver des casques et des armes. Ces pièces d’armement permettaient aux commerçants de se défendre au cas où leur navire était attaqué par des pirates. Mais ce qui a le plus intrigué les archéologues, ce sont surtout ces barres métalliques, coulées de façon un peu grossière, mais qui après 2500 ans passés dans l’eau, brillent toujours d’un bel éclat doré et rougeâtre.
Si l’on en croit les descriptions officielles qui ont été transmises à la presse italienne via le procureur de Gela, ces lingots pèsent tous entre 254 grammes et 1.34 kilogrammes. Quant à leur longueur, elle varie entre 17 et 32 centimètres.
Un bref passage sous le microscope a permis aux archéologues de lever tout doute : ce métal est bel et bien de l’orichalque, un alliage utilisé dans la Grèce Antique. Les lingots retrouvés en Sicile contiennent en effet de 75 à 80% de cuivre, entre 14 et 20% de zinc et quelques traces de plomb, de fer et de nickel. Cette composition surprenante, mais surtout la belle couleur dorée des lingots, a orienté les archéologues vers la piste de l’orichalque.
Cet alliage, dont le processus de fabrication demeure encore nimbé de mystère, a la particularité de ne pas ternir au fil du temps et de montrer une robustesse suffisante pour être utilisé en bijouterie. Ce qui semble logique : Gela, l’ancienne cité grecque, était célèbre à l’époque pour être un foyer d’artisans spécialisés dans la bijouterie. Les lingots engloutis étaient dont très probablement destinés à être transformés en parures de toutes sortes. Et à ce niveau dans notre article, nous voyons tous les amoureux de Blake et Mortimer, la bande-dessinée d’Edgar P. Jacobs, s’agiter à la lecture de ces quelques lignes. Car oui, nous parlons bien du même orichalque que les deux enquêteurs de fiction recherchent activement dans l’épisode L’énigme de l’Atlantide, paru en 1955.
Du grec « oreikhalkos » qui signifie littéralement « cuivre des montagnes », ce métal était utilisé, si l’on en croit les textes de Platon ou du poète Hésiode, par le peuple mythique des Atlantes, habitants de la fameuse île de l’Atlantide avant que celle-ci ne soit submergée par les eaux. Pour ce peuple, cet alliage était bien plus précieux que l’or.
Ainsi dans ses dialogues du Timée et du Critias, Platon précise que ce métal était utilisé par les Atlantes pour décorer l’intérieur du temple du dieu de la mer Poséidon. Le philosophe s’inscrit en fait dans un vaste ensemble d’auteurs grecs et latins mentionnant ce métal, mais sans pour autant livrer d’informations plus précises. Dans la Rome antique, le terme servait à décrire un alliage contenant du cuivre et du zinc, très proche de notre laiton actuel.
Les sesterces, monnaie romaine, étaient frappés dans cet alliage ; mais l’orichalque était aussi utilisé pour créer des pièces d’ornement. Sa couleur jaune, très proche de celle de l’or, participait à son prestige et explique sa grande utilisation par le passé.
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