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Il faudra suivre un cours pour vendre ses charmes

Il faudra suivre un cours si on veut vendre ses charmes légalement à Genève.

Non, Genève ne va pas ouvrir une faculté de sexologie appliquée dans le quartier chaud des Pâquis. Mais oui, il faudra bel et bien suivre un cours si on veut vendre ses charmes légalement à Genève. Une modification en ce sens de la Loi sur la prostitution a été acceptée jeudi, sans opposition, par la Commission judiciaire et de police du Grand Conseil. Elle a donc toutes les chances d'être votée bientôt en plénum.

Les députés ont approuvé une série de changements proposés par le Conseil d'Etat, basés sur des recommandations de la Cour des comptes. Les magistrats avaient épinglé, entre autres, les connaissances lacunaires de la profession quant aux infections sexuellement transmissibles. Par exemple, des études ont noté une sous-estimation des risques du sexe oral non protégé. La Cour a donc conseillé au Département de la sécurité et de l'économie de Pierre Maudet d'élaborer «un projet pilote de cours de sensibilisation destiné aux travailleurs du sexe qui permette de leur fournir un message de prévention et de sensibilisation complet avant ou peu après leur prise de fonction».

Des droits et des devoirs

La nouvelle norme en fait une obligation pour toutes les personnes – femmes ou hommes – qui se déclarent auprès de la police, mais pas pour celles qui sont déjà inscrites. «Gratuite et obligatoire, cette sensibilisation portera sur les droits et devoirs des travailleurs et travailleuses du sexe, sur les aspects de santé ainsi que sur la détection des cas de traite des êtres humains», résume Anne-Marie von Arx Vernon, qui a été chargée de rédiger le rapport de la commission. Ayant voué sa carrière au secours des femmes maltraitées, la démocrate-chrétienne est sensible aux risques d'exploitation: «Au Cœur des Grottes, où je travaille, nous recueillons chaque année une dizaine de femmes victimes de prostitution forcée, et c'est la pointe de l'iceberg, témoigne-t-elle. Elles proviennent en général de petites structures très discrètes.»

Des cours multilingues

Des associations seront chargées de dispenser ces cours, en plusieurs langues, juste avant l'inscription auprès de la police. Une séance d'une heure, suivie d'une demi-heure de questions et accompagnée de documents énumérant notamment les adresses où des informations additionnelles ou des appuis peuvent être recherchés. Beaucoup de prostituées étant tout juste arrivées de l'étranger, on évoquera aussi le cadre légal de la prostitution à Genève et des aspects administratifs (assurance-maladie notamment).

«L'un des objectifs est de créer un premier lien avec ces personnes, quitte à ce qu'elles contactent par la suite nos associations, explique Roxane Aubry, de SOS Femmes. Dans le cas de notre association, nous voulons aussi les informer sur les aides dont peuvent bénéficier celles qui veulent quitter le métier.» «Il s'agit de leur donner tous les outils pour qu'elles puissent prendre des décisions éclairées et ainsi devenir plus autonomes et moins vulnérables, poursuit Michel-Félix de Vidas, porte-parole d'Aspasie. Mais la question du financement de ces cours reste ouverte…»

Détournement de logis

Un autre volet de la loi consiste à exiger des lieux où la prostitution se pratique un préavis du Département de l'aménagement prouvant qu'ils sont propres à une activité commerciale. Il s'agit d'éviter de soustraire des logements à un marché tendu.

Les associations avaient critiqué la mesure, notamment si celle-ci devait concerner des petits studios partagés, craignant que des prostituées ne se retrouvent dépourvues de logis. Elles n'ont pas été suivies par les députés. «Ces locaux doivent être professionnels, argue Anne Marie von Arx Vernon. La prostitution en logement accroît les risques de traite.»