Turquie : l'ambassade et le consulat néerlandais fermés pour "raisons de sécurité"

VIDÉO. Le gouvernement néerlandais a interdit l'atterrissage du vol du ministre turc des Affaires étrangères. Le torchon brûle entre les deux pays.

Source AFP

« Ce sont les vestiges du nazisme, ce sont des fascistes », a déclaré le président turc lors d'un rassemblement à Istanbul.
« Ce sont les vestiges du nazisme, ce sont des fascistes », a déclaré le président turc lors d'un rassemblement à Istanbul. © Sputnik/AFP

Temps de lecture : 4 min

La situation s'envenime entre la Turquie et les Pays-Bas. Les autorités turques ont bloqué samedi soir les accès à l'ambassade des Pays-Bas à Ankara et au consulat du royaume à Istanbul pour « raisons de sécurité », a-t-on appris auprès de responsables du ministère turc des Affaires étrangères. Cet événement fait suite à de nombreux incidents diplomatiques qui se sont déroulés dans la journée du 11 mars.

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Samedi 11 mars, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, avait prévu de se rendre aux Pays-Bas. Il devait y donner un meeting sur le renforcement des pouvoirs présidentiels turcs. Mais, au dernier moment, le gouvernement néerlandais a décidé d'interdire l'atterrissage du vol du ministre turc. Alors que des discussions étaient en cours entre La Haye et Ankara, « les autorités turques ont menacé publiquement de sanctions », a déclaré le gouvernement dans un communiqué. « Cela rend impossible la recherche d'une solution raisonnable. C'est pourquoi les Pays-Bas ont fait savoir qu'ils retiraient les droits d'atterrissage » de l'appareil du ministre turc, a-t-il ajouté. Le ministre Cavusoglu « est toujours à Istanbul », a indiqué son ministère.

Le président Recep Tayyip Erdogan a menacé de riposter à l'interdiction par les Pays-Bas, évoquant un relent de nazisme dans l'attitude de La Haye. « Ce sont les vestiges du nazisme, ce sont des fascistes », a déclaré le président turc lors d'un rassemblement à Istanbul. « Vous pouvez interdire à notre ministre des Affaires étrangères de voler, mais, à partir de maintenant, voyons comment vos vols vont atterrir en Turquie. » Des propos qui n'ont pas laissé de marbre les dirigeants néerlandais. Le Premier ministre des Pays-Bas a considéré les propos d'Erdogan sur le nazisme « fous et déplacés » dans l'après-midi. La Turquie a, elle, convoqué le chargé d'affaires néerlandais à Ankara pour protester contre la décision de La Haye. « Nous avons convoqué le chargé d'affaires néerlandais aujourd'hui », a déclaré un responsable du ministère turc des Affaires étrangères qui a requis l'anonymat.


« L'ordre public et la sécurité sont compromis »

Le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, avait annoncé mercredi que ce rassemblement était annulé, indiquant que le gérant de la salle où devait avoir lieu l'événement n'était plus disponible. Et jeudi, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, avait fait savoir l'opposition de son gouvernement à la venue de son homologue turc. Les Pays-Bas avaient ensuite entamé des discussions avec Ankara afin de trouver « une solution acceptable ». « Il y avait une concertation en cours pour voir si les autorités turques pouvaient déplacer le rassemblement et lui donner un caractère privé, à petite échelle, dans le consulat turc ou l'ambassade », a précisé La Haye dans un communiqué.

Mais, pour les autorités néerlandaises, « après un appel public aux Néerlando-Turcs à participer massivement à une manifestation publique avec le ministre Cavusoglu à Rotterdam le samedi 11 mars, l'ordre public et la sécurité sont compromis ». « Les Pays-Bas regrettent le déroulement des faits et restent partisans d'une concertation avec la Turquie », a précisé le gouvernement néerlandais. « Le gouvernement néerlandais n'a aucune objection à des rassemblements dans notre pays pour les informer » au sujet du référendum turc, a-t-il précisé dans le communiqué. « Mais ces rassemblements ne peuvent pas entraîner de tensions dans notre société et chaque personne qui veut organiser un rassemblement offre de s'en tenir aux indications des autorités compétentes afin que l'ordre public et la sécurité puissent être garantis. Il faut constater que le gouvernement turc ne veut pas respecter ces règles », a-t-il conclu.

Attendu en France dimanche

La campagne lancée en Europe auprès de la diaspora turque en vue du référendum est à l'origine de tensions entre plusieurs pays et la Turquie, à commencer par l'Allemagne, en raison de l'annulation par plusieurs villes allemandes de rassemblements pro-Erdogan. Celui-ci avait déjà accusé le 5 mars l'Allemagne de « pratiques nazies », des propos qui avaient suscité la colère à Berlin - et à Bruxelles. Mais la chancelière Angela Merkel avait appelé à « garder la tête froide ». L'Allemagne compte la plus importante communauté turque au monde hors de Turquie, avec 1,4 million de personnes, courtisées par Ankara, car elles peuvent voter au référendum. Les Pays-Bas comptent près de 400 000 personnes d'origine turque.

Le ministre turc des Affaires étrangères est attendu en France dimanche. Plusieurs pays ont exprimé leur malaise face à cette campagne. Comme l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche avaient à leur tour interdit vendredi la tenue sur leur sol de meetings électoraux en présence de membres du parti AKP au pouvoir en Turquie, arguant de risques de troubles à l'ordre public, et alors qu'une visite de M. Cavusoglu était en théorie prévue dimanche à Zurich.

Le chancelier autrichien Christian Kern avait appelé il y a une semaine à une « réponse collective de l'Union européenne pour empêcher de tels événements de campagne » de responsables turcs dans les pays de l'UE. La crise entre les Pays-Bas et la Turquie survient à quelques jours du scrutin législatif néerlandais, au terme d'une campagne où l'islam a été un thème majeur. Selon des sondages récents, le parti du député anti-islam Geert Wilders arriverait à la deuxième place du scrutin.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (61)

  • petrio62

    La France est le paillasson d'un dictateur,

  • Papetchat

    Les pays-bas et l'Allemagne ont raison de s'opposer à ce "nazislamiste " !
    Et la France se couche !
    Le Socialhollandisme nous humilie.

  • Kiredor

    Cette provocation inadmissible d'Erdogan retombera à coup sûr sur les Turcs aux Pays-Bas, et sur l'important tourisme des Néerlandais en Turquie. Quel autogoal !
    Le comportement de ce Monsieur démontre clairement aux Turcs qui habitent en Europe qu'il veut mettre fin à la démocratie dans son pays, avec des menaces en plus. Et par conséquent à toute chance que la Turquie fera partie de l'UE un jour.