François Fillon s'accroche. Malgré sa prochaine mise en examen dans l'affaire du Penelopegate, le Républicain reste candidat à la présidentielle. Du jamais vu, s'étonnent plusieurs journalistes étrangers.

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Le britannique The Independent, par exemple, estime que le geste de François Fillon est un "cadeau politique fait à Marine Le Pen", ni plus ni moins. "Si la présidente du Front national avait souhaité un symbole de la décadence de l'élite française, elle n'aurait pas pu en demander un plus vif", écrit l'éditorial. Oubliant un peu rapidement que la présidente du FN est elle-même l'objet d'une enquête portant sur ses assistants parlementaires au Parlement européen, soupçonnés d'avoir bénéficié d'emplois fictifs.

Un message "difficile à avaler"

En Allemagne, la journaliste du quotidien Welt, Martina Meister, compare ouvertement le Républicain à Donald Trump. "'Assassinat politique': voilà un grand mot pour quelqu'un qui a été mis en difficulté par ses propres erreurs. C'est également une grave accusation à l'encontre du bon fonctionnement de la justice française, ce qui est une tactique de la campagne américaine", juge-t-elle. Si l'issue de l'élection reste floue pour Meister, elle conclut son article d'une façon bien pessimiste. "La démocratie française a déjà été très abîmée."

La journaliste de la BBC, Lucy Williamson, elle, estime que François Fillon s'est offert une belle tribune, en annulant sa visite au Salon de l'agriculture. "Il savait [...] que cela attirerait l'attention." Pour autant, la journaliste n'est pas certaine que la stratégie fonctionne: "Cela lui donne une belle exposition pour son message, mais le message en lui-même risque d'être difficile à faire avaler à ses électeurs."

"Fillon, candidat sans éthique"

En Espagne, El Mundo qualifie François Fillon de "candidat sans éthique". Dans un éditorial sévère, la rédaction du quotidien s'insurge. "Il est inacceptable qu'un candidat qui a fait de ses convictions son porte-drapeau, qui propose un ajustement drastique dans l'administration, enterre sa crédibilité par son obstination. Fillon était, hier, contraint de suspendre sa campagne, même si son image politique a déjà été brisée le 25 janvier dernier, lorsque l'hebdomadaire Le Canard enchaîné a révélé que sa femme avait exercé un emploi fictif comme assistante parlementaire."

De l'autre-côté de l'Atlantique, le New York Times juge que "la situation semble de plus en plus défavorable" à François Fillon. "Il est souvent accueilli par des manifestants avec des casseroles, un mot d'argot qui est utilisé en France pour parler des affaires de corruption", s'amuse le journaliste Adam Nossiter.

De ce côté de l'Atlantique, François Fillon arriverait actuellement troisième au premier tour de l'élection présidentielle s'il devait se tenir aujourd'hui, selon un dernier sondage Elable. Derrière Marine Le Pen, première, et Emmanuel Macron.

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