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Nucléaire : la ministre allemande de l'Environnement demande la fermeture de Fessenheim

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Barbara Hendricks, ministre allemande de l'Environnement, demande une nouvelle fois la fermeture de la centrale de Fessenheim. Sa déclaration intervient ce vendredi, après que deux médias allemands ont à nouveau pointé du doigt la sûreté de la doyenne du parc nucléaire français.

La centrale de Fessenheim est toute proche de la frontière allemande.
La centrale de Fessenheim est toute proche de la frontière allemande. © Maxppp -

Ce n'est pas la première fois qu'elle s'exprime en ce sens, mais Barbara Hendricks enfonce le clou. Selon son porte-parole, la ministre allemande de l'Environnement demande la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, installée au bord du Rhin, en Alsace, tout près de la frontière. Cette centrale est "trop vieille" et "devrait être fermée le plus vite possible". Cette déclaration intervient alors que deux médias allemands publient une enquête selon laquelle un incident, survenu en 2014, se serait révélé plus grave qu'annoncé initialement.

La presse allemande dénonce un manque de transparence

Pour le journal Süddeutsche Zeitung et la chaîne télé WDR, EDF ne s'est pas montré transparent sur cet événement. Ces médias s'appuient, entre autres, sur l'analyse de l'expert nucléaire Manfred Mertins, un ingénieur qui, cette semaine déjà, a épinglé la sûreté d'une autre centrale de l'Est de la France, celle de Cattenom en Moselle. Selon eux, les circonstances de l'incident montreraient que l'un des deux réacteurs de Fessenheim n'a été "momentanément plus contrôlable".

Le 9 avril 2014, une fuite d'eau s'est produite dans le secteur du réacteur 1 de la centrale. Elle a endommagé des armoires électriques et entraîné, selon les procédures habituelles précise alors l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l'arrêt du réacteur numéro 1. La Süddeutsche et WDR affirment qu'EDF a décidé de "couper le réacteur" en introduisant "du bore dans le système de refroidissement"  du réacteur, ce que l'avis de l'ASN ne mentionne pas (le bore est une substance servant à réguler la puissance de la centrale). L'incident a été classé au niveau 1 de l'échelle internationale des événements nucléaires (INES). Sur ce point, le ministère allemand de l'Environnement estime que la France ne s'est rendue coupable d'aucun manquement.

Pour l'ASN, "il n'y a pas de raison de fermer la centrale"

L'Autorité de sûreté nucléaire a réagi dans l'après-midi aux propos du ministère : pour Sophie Letournel, chef de la division de Strasbourg, "du point de vue de la sûreté nucléaire, il n'y a pas de raison de fermer la centrale de Fessenheim (...) Après, il y a des décisions de politique énergétique qui relèvent du gouvernement et qui peuvent conduire à des choix différents (mais) Fessenheim est tout à fait dans la moyenne de l'appréciation que l'ASN porte sur les centrales françaises".

L'expert Manfred Mertins, cité par les médias allemands, explique qu'il est extrêmement rare d'utiliser du bore. Pour cet ingénieur à la retraite, "le résultat montre que l'arrêt (...) n'était plus possible, à tel point que d'autres moyens devaient être mis en oeuvre". Par ailleurs, les journalistes s'appuient aussi sur une lettre envoyée par l'ASN à la centrale et affirment que la gestion de l'incident a été marquée par "une suite d'échecs techniques et de chaos".

Des centrales nucléaires françaises pointées du doigt à l'étranger

La centrale nucléaire de Fessenheim fait l'objet de critiques régulières des Verts allemands et de plaintes des anti-nucléaires français. Le président François Hollande a promis lors de la campagne électorale de fermer la centrale, mise en service en 1977. Cette enquête de la presse allemande est publiée alors que les centrales nucléaires françaises font l'objet de critiques de la part de nos voisins : mercredi, les Verts allemands dénonçaient un manque de sécurité à Cattenom en Moselle, tandis que le canton suisse de Genève portait plainte contre la centrale du Bugey.

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