Ethiopie: un immense éboulement dans une décharge fait au moins 46 morts

Des habitants regardent les dégâts après un immense éboulement d'ordures dans la plus grande décharge d'Ethiopie, en périphérie d'Addis Abeba, le 12 mars 2017

© ZACHARIAS ABUBEKER

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Par RTBF avec AFP

Au moins 46 personnes ont été tuées et des dizaines blessées par un immense éboulement d'ordures dans la plus grande décharge d'Ethiopie, en périphérie d'Addis Abeba, une catastrophe que les riverains attribuent à des travaux d'aplanissement sur la partie supérieure de cet océan de déchets.

"Le bilan est désormais de 46 morts", a déclaré à l'AFP Dagmawit Moges, une porte-parole de la municipalité de la capitale éthiopienne, revoyant à la hausse un précédent bilan de 30 morts de cette catastrophe, survenue samedi soir au sud-ouest de la ville.

Nous nous attendons à ce que le nombre de victimes augmente 

Dagmawit Moges a précisé que la plupart des victimes étaient des "squatteurs" habitant sur cette décharge et fouillant quotidiennement les hauts amoncellements de déchets à la recherche d'objets susceptible d'avoir de la valeur.

"Nous nous attendons à ce que le nombre de victimes augmente", a cependant ajouté la porte-parole, expliquant que l'éboulement avait touché une zone "relativement grande", la décharge s'étendant sur plus de 30 hectares.

Des témoins et rescapés interrogés par l'AFP ont affirmé qu'un flanc de la principale montagne de déchets s'était subitement détaché samedi soir et avait emporté des habitations de fortune des résidents de la décharge de Koshe, qui signifie "saleté" en argot amharique, la principale langue du pays.

"Lorsque c'est arrivé, nous avons entendu un grand bruit, et lorsque nous sommes sortis, nous avons vu une tornade qui se dirigeait vers nous", raconte Suleiman Abdulah, dont l'abri construit à l'aide de bâtons en bois et de bâches en plastique a été détruit par l'éboulement.

"Des gens nous ont aidés et ma famille a pu partir avant la destruction", a ajouté M. Abdulah.

Ordre d'évacuation

Dimanche après-midi, six excavatrices cherchaient dans l'océan de déchets d'éventuels survivants ou corps. La police, elle, empêchait les badauds d'approcher alors que les rues du quartier jouxtant la décharge étaient pleines de femmes en pleurs.

"Cette partie-là s'est complètement écroulée", a raconté Berhanu Degefe, autre habitant de la décharge, montrant une immense balafre semi-circulaire sur le flanc de la montagne d'ordures, assurant que "beaucoup de personnes sont mortes la nuit passée".

Les résidents soutiennent que cet effondrement est dû à des travaux d'aplanissement au sommet de la montagne de déchets, dans le cadre de la construction d'une centrale au biogaz exploitant les ordures. Ces travaux auraient accentué la pression sur les flancs de la colline, entraînant l'éboulement.

"C'est arrivé parce qu'ils compressaient les déchets", a commenté Ibrahim Mohamed, dont la bicoque a échappé de justesse à l'éboulement.

Berhanu Degefe, a reconnu que les autorités avaient demandé aux chiffonniers d'évacuer le dépotoir en raison des travaux, mais que ceux-ci étaient restés malgré les avertissements. La décharge avait en outre été fermée l'année passée au profit d'un autre dépôt d'ordures, où les habitants de Koshe n'ont pas souhaité "déménager".

Un journaliste de l'AFP présent sur place a remarqué de nombreuses autres fissures sur la partie supérieure de l'immense monticule, suggérant que d'autres éboulements sont à craindre.

Koshe est depuis plus de 40 ans le principal lieu d'entreposage des ordures d'Addis Abeba, capitale de 4 millions d'habitants à la croissance démographique galopante.

Ils vivent là où se trouve leur moyen de subsistance

Selon les résidents interrogés par l'AFP, la décharge compte environ 300 habitants vivant dans une cinquantaine d'abris de fortune, dont quelques-uns ont été épargnés par l'éboulement. Ces habitations ont été construites au cours des deux à trois dernières années par les "squatteurs" qui, selon Berhanu Degefe, "vivent là où se trouve leur moyen de subsistance".

Les décharges, recelant de nombreux déchets parfois toxiques, sont souvent l'unique moyen de survie des plus pauvres en Afrique et dans de nombreux pays au monde.

En juillet 2000, l'effondrement d'une décharge d'une hauteur de 15 mètres avait fait au moins 208 morts et une centaine de disparus dans la périphérie de Manille, la capitale philippine. En s'effondrant elle avait recouvert entièrement sur un hectare une centaine de cahutes d'un bidonville de chiffonniers.

En 2016, au moins 16 personnes avaient été tuées et 61 blessées par ue explosion dans une décharge de la périphérie de Cotonou, où des riverains tentaient de récupérer de la farine avariée que venait de déposer une entreprise avant d'y mettre le feu.

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