[Etude] Le double plafond de verre qui freine l’ascension des femmes dans les grandes entreprises
Dans les grandes entreprises, être une femme reste toujours un handicap pour celles qui veulent accéder aux plus hautes responsabilités. Si la loi Copé-Zimmermann a amélioré la situation des conseil d'administration, les Comex restent des lieux plutôt masculins. C'est ce que montre l'étude réalisée par Michel Ferrary pour Skema Business School. Avec 5 et 6 femmes présentes à leur Codir, L'Oréal ou Sodexo font figure d'exception.
A tous ceux qui expliquaient que la coercition ne servait à rien, que la discrimination positive est un leurre, le nouvelle édition du baromètre réalisé pour Skema par Michel Ferrary, sur la féminisation des entreprises apporte un cinglant démenti. Dans les entreprises comme sur la route, la peur du gendarme et le bâton sont les outils les plus efficaces.
Ainsi, la loi Copé-Zimmerman, qui oblige les grandes entreprises et les ETI cotées à avoir au moins 40 % de femmes dans les conseils d’administration ou de surveillance a atteint son but. Selon les rapports d’activité publiés en 2016 sur l’exercice 2015 qui sont la base du travail, pour ce qui concerne le CAC 40 et le CAC next 20, c'est à dire les 60 plus grandes entreprises françaises, il siégeait 35,64 % de femmes. En 2008, elles ne représentaient que 8,5 % des effectifs des mêmes organes. Alors circulez, y’a plus rien à voir ? Pas vraiment car l’étude montre que si la loi a été efficace, beaucoup de choses restent à faire.
Des postes créés pour les femmes
Premier enseignement intéressant de l’étude et qui en dit long sur la volonté des messieurs de céder leurs places. Si la place des femmes a globalement augmenté, c’est parce qu’on a créé des postes spéciaux pour elles et non en remplacement des hommes présents. Plus de places pour les femmes oui, mais pas au détriment du poste des mâles administrateurs.
En outre, les deux députés qui déposèrent la loi pariaient qu’une fois que les femmes seraient dans le principal organe de contrôle des entreprises, il y aurait un effet d’entraînement. S’il est peut-être un peu tôt pour porter un jugement définitif, force est de constater que les nouvelles venues n’ont pas obtenu grand-chose en dehors des conseils d’administration. Ou pour le dire de façon un peu caricaturale, ce n’est pas parce que Bernadette Chirac est devenue administratrice de LVMH que la distribution du pouvoir selon les sexes a changé dans le groupe de luxe.
L'accès aux Comex reste verrouilé par les hommes gris
Ce que montre l’étude sur l’échantillon d’entreprises étudiées c’est qu’il existe un double plafond de verre, l’un inférieur pour l’accès aux fonctions de cadres et un supérieur pour le passage des fonctions cadres vers les fonctions exécutives, là où se trouve le vrai pouvoir de direction des groupes. A la date de l’étude, il n’y avait que 11,59 % de femmes siégeant dans les comex, quand les femmes représentent 31,69 % des cadres et 36,3 % de la population active employée par les firmes étudiées (à cet égard il faut noter que cela signifie que de nombreuses femmes exercent de façon indépendante).
En 2007, il y avait 8 % de femmes dans les Comex. C’est dire que, sans loi, les évolutions sont très lentes. Sur les 62 entreprises étudiées, 17 n’ont aucune femme au Comex, 18 n’en compte qu’une seul et 20 ont poussé l’effort jusqu’à en avoir 2. Seul, L’Oréal a cinq femmes a son Comex, tandis que le champion s’appelle Sodexo avec un Comex comptant six femmes.
Parce qu'elles le valent bien
Là où le travail du chercheur de Skema devient passionnant c’est quand il définit des types d’entreprises en fonction de la façon dont les femmes y sont sur ou sous représentées par rapport à la moyenne, découpant en deux fois quatre sous-ensembles les entreprises.
Le premier quator compare les performances en matière de féminisation des comité exécutif et des conseils d’administration. Si on y trouve des champions de la diversité comme Sodexo, Engie, Kering ou L’Oréal, on trouve aussi d’irréductibles machistes comme Lafarge Holcim, Airbus, deux sociétés industrielles, mais LVMH. Ces dernières se caractérisent par des performances à la moyenne aussi bien pour la présence au Comex qu’au conseil d’administration. A ces deux groupes, il faut ajouter les machistes contrariées (soit les entreprises qui ont de bons résultats sur le conseil d’administration mais sont sous performante sur le comex) avec des entreprises comme Altran, Technip, Eiffage, Air Liquide, Alten ou Cap Gemini.
Dernier groupe : les potentielles championnes : elles sont plus ouvertes aux femmes pour le Comex mais traîne encore pour le conseil d’administration : c’est le cas de Valéo, Dassault Systèmes, Orange, Schneider Electric ou encore Renault, Safran ou Thales.
Sois belle et ne demande pas le pouvoir
Commençons par les championnes que l’auteur nomme Féminines , soit les entreprises où il y a plus de femmes cadres que dans la moyenne des entreprises et plus de femmes au comité exécutif. On retrouve L’Oréal et Kering mais aussi Hermès, ainsi que Sodexo, Orange, Engie, Danone ou même un industriel comme Michelin ou Zodiac. A l’inverse, il est des entreprises où le taux des féminisations des cadres est élevé mais où les Comex restent virils : ce sont les entreprises machistes. C’est le cas de LVMH qui compte plus de 60 % de femmes cadres tandis que le taux de féminisation du Comex reste inférieur à la moyenne (11,69 %). On trouve aussi dans cette catégorie M6, Air liquide, Pernod Ricard ou encore Cap Gemini.
La mixité ça rapporte mais ce n'est pas un argument
Dans les entreprises où le pourcentage de femmes cadres est inférieur à la moyenne on trouve les amazones qui malgré ce handicap réussissent à voir plus de femmes dans leur Comex que la moyenne, comme le font Thales, Renault, Dassault Systèmes ou Plastic ominium. Enfin, il existe des entreprises dites masculines, où le taux de féminisation des cadres et des comités exécutifs sont inférieurs à la moyenne. C’est l’univers des Airbus, Lafarge Holcim, Vinci ou Alstom.
Les médiocres performances des entreprises en la matière est d’autant plus surprenant que l’étude réalisée par Michel Ferrary confirme l’existence déjà prouvée par de nombreuses autres études de l’existence d’un lien entre la féminisation de l’encadrement et la rentabilité opérationnelle. Ceci étant rappelé, quand bien même la corrélation entre performance et équité était moins forte, la question de la plus grande place à faire aux femmes dans les entreprises resteraient posée. Au nom de l’équité et de la lutte contre toutes les formes de discriminations.
Et à L'Usine Nouvelle ?
La rédaction est dirigée par Christine Kerdellant. A ses côtés figurent Anne Debray et Pascal Gateaud, aux postes de directrice adjointe de la rédaction et de rédacteur en chef. Deux des cinq services sont dirigées par des femmes (Anne-Sophie Bellaiche et Myrtille Delamarche). Le web usinenouvelle.com est sous la responsabilité d'une rédactrice en chef adjointe, Anne-Katell Mousset, et celle d'usine-digitale.com est sous la reponsabilité de Stéphanie Mundubeltz-Gendron, rédactrice en chef.Seul pôle où le mâle domine encore : la réalisation avec Eudes Bulard, (directeur artistique) et Guillaume Dessaix (rédacteur en chef technique). L'Usine Nouvelle est une publication du groupe Infopro-digital. Selon nos pointages, cinq femmes y dirigent des pôles d'activités. L'entreprise en compte 13 au total.
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