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Le « ticket de sortie » du nucléaire s'élèverait à 217 milliards d'euros

¤ L'Institut Montaigne livre une première estimation de la proposition de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon. ¤ Les deux candidats de gauche contestent ce chiffrage, pointant le coût de la poursuite du nucléaire.

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Par Joël Cossardeaux

Publié le 14 mars 2017 à 01:01

Ex aequo. La sortie de la France du nucléaire, que l'on suive le mode d'emploi défendu par Benoît Hamon ou celui de Jean-Mélechon, coûterait dans les deux cas 217 milliards d'euros, selon l'estimation livrée lundi par l'Institut Montaigne. Une facture dont le règlement ne tiendra pas en un seul mandat présidentiel, loin s'en faut. A raison de 10,1 milliards d'euros par an à débourser lors du prochain quinquennat, il resterait encore à payer 170 milliards jusqu'en 2035. D'ici là et à compter de 2026, la dépense annuelle atteindrait 13,6 milliards, toujours selon le think tank libéral.

Prudents, les auteurs de l'étude ne prétendent pas avoir totalement percé un mystère, tenace, qui pèse sur les conséquences d'un abandon de l'atome. Sur le chiffrage des coûts directs, cela « dépendra du calendrier largement incertain de fermeture des réacteurs, du mix de substitution visé », précise le centre de réflexion. Quant à l'estimation des coûts indirects, comme ceux liés à la perte d'image de la filière nucléaire, impossible de la mener finement, reconnaissent ses experts.

Coût d'investissement

En revanche, parmi les paramètres qu'ils valident figurent le prix à mettre (13 milliards entre 2018 et 2035) pour adapter le réseau à la distribution des énergies renouvelables (ENR), le coût d'indemnisation d'EDF pour plus de 25 milliards, et le manque à gagner pour la balance commerciale française. Enfin et surtout, le remplacement du nucléaire nécessiterait d'investir la bagatelle de 179 milliards d'euros et pas systématiquement dans les ENR. L'Institut Montaigne pointe le « coût d'investissement dans de nouvelles capacités de production d'électricité, mais également des capacités de production de base (centrales à gaz par exemple) et un renchérissement du coût moyen de production de l'électricité », car « le nucléaire devra en partie être remplacé par des technologies renouvelables moins compétitives ». L'étude exprime aussi la crainte de voir la France accroître ses émissions de CO2 et ne pas respecter ses engagements pris dans le cadre de l'accord de Paris.

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Des évaluations reçues avec beaucoup de réserves chez Benoît Hamon, dont le programme prône « une sortie progressive et intégrale du nucléaire » à l'horizon « d'une génération, soit vingt-cinq ans ». Cet institut « ne prend pas en compte le fait que le coût du nucléaire va augmenter comme l'ont estimé la CRE et la Cour des comptes », pointe Philippe Martin, chargé de la mission Energies 2025 dans l'équipe de campagne socialiste. « On ne considère que le vieux nucléaire. Or, s'il fallait remplacer tous les réacteurs, cela coûterait 400 milliards d'euros », ajoute l'ancien ministre de l'Ecologie de Jean-Marc Ayrault. Selon lui, « cela ne rime pas à grand-chose car on ne peut pas faire un chiffrage du coût de sortie du nucléaire sans le replacer dans une stratégie globale de transition énergétique ».

Mêmes réserves du côté de Jean-Luc Mélenchon, dont le projet vise 100 % d'énergies renouvelables en 2050. « L'Institut est pronucléaire. C'est son droit. Mais il a une petite tendance à s'arranger pour justifier sa thèse », tacle Martine Billard, qui pilote le pôle écologie de l'équipe de La France insoumise. L'étude « oublie de dire que 100 milliards d'euros pourraient être économisés si l'on se passait du grand carénage, le programme de prolongation de la durée de vie des centrales », dont EDF chiffre le coût à 50 milliards. Par ailleurs, on y omet, selon elle, de retrancher de la colonne des dépenses le projet Cigéo de centre d'enfouissement des déchets radio-actifs dans la Meuse. Une opération dont les deux candidats prônent l'abandon au profit du stockage en surface, moins onéreux.

Joël Cossardeaux

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