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Le recensement osé du Pakistan

Le premier décompte de la population depuis dix-neuf ans réserve de nombreuses surprises.

Par Michel De Grandi

Publié le 13 mars 2017 à 18:01

Rarement un pays aura attendu dix-neuf ans entre deux recensements. Le Pakistan est de ceux-là. Islamabad démarre ce mercredi une opération gigantesque destinée à dépoussiérer les données collectées en 1998. Pour cela, 55 millions de formulaires ont été imprimés et 300.000 personnes mobilisées. Sur un plan pratique, neuf langues sont acceptées sur les 70 utilisées. Ce qui ne va pas sans créer des frictions. Ainsi, aucune des langues de la région montagneuse du Gilgit-Baltistan ne sera prise en compte, ni le gujarati, parlé par certains musulmans émigrés d’Inde, ce qui risque de les pousser vers l’oubli, regrettent leurs défenseurs. De la même manière, les quelque 6 millions de Pakistanais vivant à l’étranger ne sont pas référencés. A l’inverse, pour la première fois, les transsexuels seront décomptés à part, à la grande satisfaction des représentants de cette communauté historiquement reconnue, mais souvent persécutée au Pakistan. Cela fait dix ans que le Bureau des statistiques (PBS) est dans les starting-blocks, mais les dirigeants ont longtemps freiné. Cédant aux pressions internationales, ils ont donné leur feu vert il y a moins de trois mois, un délai très court pour lancer un tel exercice. Il faut dire que ce recensement fait peur par les résultats qu’il va révéler.

Selon le bilan de 1998, le pays comptait 134,7 millions d’habitants. Du fait de sa démographie galopante, la population serait aujourd’hui plus près des 200 millions, ce qui en ferait le sixième pays le plus peuplé de la planète, selon l’ONU. Non seulement, le recensement va modifier en profondeur les indicateurs socio-économiques, mais il va aussi avoir un impact direct sur le pouvoir politique.

Modifications

A un an des élections législatives, ces réactualisations vont entraîner des modifications dans les circonscriptions électorales, dans la répartition des sièges entre les provinces à l’Assemblée nationale ou encore dans la distribution des fonds fédéraux lors des prochains budgets. Avec l’exode rural, les puissants propriétaires terriens des provinces du sud ou du centre pourraient voir fondre leur nombre de députés. Le Pundjab, par exemple, pourrait voir son hégémonie bousculée, car sa population croît plus lentement qu’ailleurs. L’exercice va aussi permettre de mieux connaître le mode de vie des Pakistanais. Une case par exemple est prévue pour demander de quel type de sanitaires le foyer est équipé. Une question qui prend une signification particulière au Pakistan, où l’ONU estime que 40 % des gens défèquent en plein air, avec des conséquences dramatiques sur la santé des enfants notamment.

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