Publicité

Annie Leibovitz sera la reine d'Arles cet été

La Fondation Luma de la mécène suisse Maja Hoffmann a acquis les archives de la photographe américaine. Elle l'exposera au Parc des Ateliers, du 27 mai au 24 septembre. Yoko Ono, John Lennon, les Stones, Hollywood, Nixon, tout le glamour du monde est avec elle.

Annie Leibovitz, la reine des photographes, sera aussi la reine d'Arles cet été. La Fondation Luma qui vient d'acquérir ses archives fera l'événement, parallèlement aux Rencontres d'Arles 2017, avec une vaste exposition de son travail le plus prometteur car le plus jeune, baptisée Annie Leibovitz Archive Project #1: The Early Years .

Née le 2 octobre 1949 à Waterbury, Connecticut, Annie Leibovitz est déjà la reine du glamour comme elle le rappelle avec maestria, chaque année à la veille des Oscars, par le triptyque sur papier glacé mettant en gloire les jeunes stars de Hollywood qu'elle réalise pour Vanity Fair, édition américaine. Cette artiste à la psychologie manifeste, à l'humour incisif, à la sensualité farouchement féminine, a l'art de transformer une commande en une œuvre personnelle, un portrait de groupe en une série de portraits intimistes où chaque individualité et chaque type de beauté gardent sa singularité.

Son exposition arlésienne devrait être spectaculaire. Elle anticipe le mythique festival de photographie: Annie Leibovitz Archive Project #1: The Early Years (Les Premières Années) se tiendra du 27 mai au 24 septembre 2017, à La Grande Halle, désormais bastion de la LUMA Arles, au Parc des Ateliers en pleine métamorphose en attendant le bâtiment de Frank Gehry. L'été dernier, la fondation de Maja Hoffmann avait déjà ébloui les amateurs de photo avec son exposition en noir et blanc consacrée à l'artiste sud-africaine Zanele Muholi (on la retrouvera avec intérêt fin avril dans Afrique, le nouvel atelier, la grande exposition de printemps de la Fondation Vuitton à Paris).

L'exposition débutera avec les premières photographies d'Annie Leibovitz prises en 1968. La Fondation LUMA annonce donc sa venue comme une belle victoire. Conçu comme le premier d'une longue série de projets d'envergure consacrés à l'étude et à la réinterprétation des archives vivantes de l'artiste, Annie Leibovitz Archive Project #1: The Early Years rassemble 8.000 photographies prises entre 1968 et 1983, retrace son parcours de jeune artiste, et revient sur le succès qu'elle a rencontré dans les années 1970 lorsqu'elle photographiait la culture propre à cette époque charnière. Premier projet dédié exclusivement au début de sa carrière, Annie Leibovitz Archive Project #1:The Early Years aborde «les travaux de jeunesse de Leibovitz comme un moyen de contextualiser en détail sa pratique mondialement reconnue».

Les années Rolling Stone

Étudiante au San Francisco Art Institute, Annie Leibovitz passe rapidement de la peinture au légendaire département de Photographie de l'école, et publie ses premières photos l'année suivante - une série de reportages consacrés aux manifestations contre la guerre du Vietnam - dans le tout jeune magazine Rolling Stone. Influencée par Henri Cartier-Bresson et Robert Frank, son approche instinctive du photojournalisme et du portrait se fait sentir dans les premiers clichés qu'elle prend de John Lennon et des Rolling Stones, tout comme dans sa couverture de la campagne présidentielle de 1972 réalisée en collaboration avec Hunter S. Thompson, ou encore le lancement d'Apollo 17 avec Tom Wolfe.

Nommée photographe en chef du bimensuel Rolling Stone en 1973, Leibovitz réalise certaines des images de la décennie - souvent en une du magazine- tout en couvrant la démission du président Richard Nixon en 1974, et en se plongeant dans la tournée prolongée des Rolling Stones en 1975. Son sens inné de l'à-propos et de la perspective fait de ses images des rendez-vous particuliers. La proximité psychologique qu'elle instaure avec ses sujets aussi: l'intimité sensible est visible dans le portrait qu'elle fait de John Lennon, nu, embrassant Yoko Ono, habillée, quelques heures à peine avant que Lennon ne soit assassiné à New York.

Annie Leibovitz Archive Project #1: The Early Years s'achève en 1983, une année charnière. En l'espace de quelques mois, l'artiste quitte le magazine Rolling Stone, publie une monographie de ses premières photographies, et commence à travailler en tant que photographe associée pour Vanity Fair, qui connaît alors un nouvel essor.

Depuis six ans, la Fondation LUMA de la mécène suisse Maja Hoffmann se veut un lieu de réflexion et de recherches interdisciplinaires sur l'art, dans le sillage du légendaire Black Mountain College qui a nourri la scène contemporaine américaine. Avant même l'achèvement de son bâtiment signé Frank Gehry, elle a mis en place un programme de collaboration avec de nombreux artistes vivants. Il a donné naissance à un Programme d'Archives Vivantes pluridisciplinaire qui intègre toutes les formes d'art, la photographie, le design, la littérature, le cinéma et la danse...

Rendez-vous au Théâtre antique

La prochaine étape de ce vaste projet expérimental consistera à partager ces ressources vivantes, contemporaines et historiques avec le public. Ouvert aux étudiants, aux spécialistes, aux artistes et aux visiteurs, le Programme d'Archives Vivantes de LUMA permettra alors à chacun de découvrir et compulser ces archives dans le cadre d'expositions, projets académiques et événements. Le Programme d'Archives Vivantes résidera dans un «espace partagé» situé au Parc des Ateliers, le nouveau pôle culturel d'Arles.

Organisée par Matthieu Humery, «jeune prodige du milieu de la photographie» apparu à New York, transfuge de Christies et désormais directeur du Programme d'Archives Vivantes, et la Fondation LUMA, en étroite collaboration avec Annie Leibovitz, Annie Leibovitz Archive Project #1: TheEarly Years fait partie de la programmation culturelle estivale de LUMA Arles au sein du Parc des Ateliers où, peu à peu, des jardins s'installeront entre les structures rénovées selon des normes écologiquement responsables.

L'exposition Annie Leibovitz est la première d'une série d'initiatives interdisciplinaires expérimentales menées par la fondation en lien avec l'idée d'«archive vivante». Plusieurs artistes majeurs et professionnels de la culture, provenant de différents domaines, sont au programme. Cette exposition marque le dixième anniversaire de la rénovation de la Grande Halle, ancienne chaudronnerie monumentale des années 1860 reconvertie en lieu d'exposition.

S'inspirant de la disposition de l'atelier de Leibovitz à New York, l'exposition Annie Leibovitz Archive Project #1: The Early Years est «conçue comme une mise en espace dense et une étude chronologique des débuts de carrière de l'artiste, envisage les influences de Leibovitz et l'évolution de son processus créatif au moment où elle commence à expérimenter la pellicule couleur, les effets stroboscopiques et la lumière naturelle».

Elle sera accompagnée d'un catalogue publié par les éditions Taschen en collaboration avec la Fondation LUMA. À l'invitation de Sam Stourdzé, Directeur des Rencontres d'Arles, une soirée au Théâtre Antique d'Arles sera consacrée à Annie Leibovitz le 6 juillet, pendant la semaine d'ouverture du festival international de la photographie (du 3 au 9 juillet 2017). La reine d'Arles, assurément.

Annie Leibovitz sera la reine d'Arles cet été

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
Aucun commentaire

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

À lire aussi