Rade de Brest. Un trésor archéologique mis au jour

Anne-Cécile Juillet

Par Anne-Cécile Juillet

Des œuvres d’art vieilles de 14.000 ans, les plus anciennes de l’histoire bretonne, étaient cachées sous le rocher de l’Impératrice à Plougastel-Daoulas (29). Une équipe d’archéologues les a mises au jour, et, pour les protéger, a gardé le secret pendant quatre ans.

Bienheureuse tempête. S’il n’y avait eu ce "coup de vent", à l’automne 1987, une des plus belles découvertes archéologiques françaises dormirait toujours, sous les racines d’un pin maritime, au pied du rocher de l’Impératrice, à Plougastel-Daoulas (29). 

Outre de nombreux silex taillés pour faire des pointes de flèches, des lames ou des grattoirs, les archéologues ont découvert deux véritables œuvres d’art : une tête d’auroch entourée de rayons, gravée sur une pierre, ainsi qu’un petit cheval d’une finesse remarquable, gravé sur une plaque de schiste. 

Des pièces uniques au monde 

Des pièces vieilles de 14.000 ans, uniques au monde, dont la valeur est comparable, en version "portative", aux dessins pariétaux qui recouvrent la grotte de Lascaux. Une découverte si importante qu'elle a fait l'objet d'une première publication dans la revue scientifique américaine Plos One. 

L'information  a été reprise  par la revue Ar Men, qui y consacre un dossier. L’histoire commence donc il y a trente ans. Une tempête fait tomber un pin, et un membre des Amis du patrimoine repère, dans ses racines découvertes, des petits silex. Il prévient le conservateur du patrimoine de l’époque. Vingt-six ans plus tard, à l’été 2013, une équipe d’archéologues est autorisée à fouiller le sol. "Le problème, c’est qu’il s’agit d’une zone naturelle, sur laquelle il était impossible de faire venir des engins, se souvient Bernard de Cadenet, adjoint au maire de Plougastel-Daoulas, qui a suivi ce dossier avec passion. Les archéologues se sont retrouvés face à un travail de titan". 

Un secret jalousement gardé 

Mais rapidement, leur obstination se révèle fructueuse : la tête d’auroch est mise au jour dès le premier été des fouilles. Les chercheurs lui donnent un nom breton,  "Buoc’h skedus". Deux ans plus tard, la tablette au cheval, "Kezeg brav", apparaît. 

Au total, 46 éléments de schiste gravés sont découverts. Et jalousement gardés. 

 

Nouvelle campagne de fouilles cet été

"Il a fallu tenir ces découvertes secrètes, parce que ce site a été pillé à plusieurs reprises, et parce qu’il fallait que le conseil départemental, propriétaire des lieux désormais (et cofinanceur des fouilles, avec la Drac), le sécurise contre toute intrusion", détaille un proche du projet. 

Des plaintes ont été déposées à plusieurs reprises, les douanes ont été alertées, pour qu'aucune trouvaille faite sur le site du rocher de l’Impératrice ne quitte le territoire national. "Ce qui est extraordinaire, c’est de se dire qu’ici, il y a 14.000 ans, des hommes sont venus chasser des bêtes qui galopaient dans une vaste steppe, et qu’ils s’abritaient sous le rocher de l’Impératrice", s’émerveille Bernard de Cadenet. 

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À l’époque, l’Elorn était une petite rivière qui rejoignait la mer au niveau de l’île de Molène, et la rade de Brest une large taïga. Après ces découvertes extraordinaires, et les pièces placées en lieu sûr, au CEPAM (Culture et environnements, préhistoire antiquité Moyen-Age), ce laboratoire du CNRS dont dépendent les recherches, les fouilles vont reprendre, dès cet été. Et peut-être, d’autres merveilles sortiront de terre, aux pieds du rocher.

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