Pas vraiment fermée, la route des Balkans s’avère plus dangereuse pour les réfugiés

Frontex avertit que la « fermeture effective de la route des Balkans » au printemps 2016 n'a pas permis d'enrayer totalement l'immigration. [Nebojsa Markovic/ Shutterstock]

Un an après la fermeture des frontières dans les Balkans, les réfugiés tentent toujours d’accéder à l’UE par l’Europe du Sud-Est. Le voyage s’avère plus difficile, plus cher et plus brutal.  Un article de notre partenaire, Der Tagesspiegel.

Si la route des Balkans a été officiellement fermée aux migrants depuis 12 mois, le ministre autrichien de l’Intérieur, Hans-Peter Doskozil, et son homologue slovène, Boštjan Šefic, déplorent qu’elle soit encore utilisée comme une porte d’entrée de l’Union européenne.

Le phénomène n’est pas près de s’arrêter : avec le retour des beaux jours, les réfugiés bloqués en Grèce devraient de nouveau affluer. D’après Hans-Peter Doskozil, les migrants continueront à arriver de Turquie « sans entrave », et ce, en dépit de l’accord européen avec Ankara.

Le ministre autrichien a déclaré que la protection des frontières de son pays sera intensifiée, en coopération avec les pays des Balkans, ainsi qu’avec la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, parce que la route des Balkans n’est « pas fermée ».

>>Lire : L’Allemagne piégée par l’accord UE-Turquie

Des milliers de réfugiés sont restés bloqués en Grèce et dans d’autres pays de passage en raison des barrages routiers installés à travers les Balkans. D’après le dernier rapport annuel de l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, la « fermeture effective de la route des Balkans » au printemps 2016, n’a pas permis d’enrayer totalement l’immigration. En 2016, 382 000 migrants provenant d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient sont arrivés clandestinement en Europe.

Dans son analyse des risques pour l’année 2017, Frontex fait remarquer que la route empruntée par les migrants s’est déplacée vers l’Ouest, et que davantage de traversées ont lieu par la mer. Le rapport avertit d’une « pression migratoire grandissante en provenance de l’Afrique, principalement via la Libye et l’Italie ». Par conséquent, l’Italie a enregistré un nombre record d’arrivées l’année dernière, avec 182 000 migrants ayant débarqués sur le territoire national.

Le nombre de personnes vulnérables entreprenant le voyage, notamment de femmes et d’enfants, a également augmenté. Le nombre de demandes de réunifications familiales en Allemagne a quant à lui diminué en 2016.

Les observations des organisations de protection des réfugiés et des chercheurs dans le domaine de la migration sont confortées par les chiffres liés à la fermeture présumée de la route des Balkans. « L’immigration ne pourra pas être endiguée tant qu’on ne prendra pas le problème à la racine et que les populations seront forcées de quitter leurs pays. Parmi les causes à l’origine de l’immigration, figurent les conflits armés, la pauvreté et la surexploitation de l’environnement », a déclaré Sabine Hess au Tagesspiegel.

L’anthropologue culturelle et spécialiste des politiques frontalières a analysé la situation sur la route des Balkans depuis sa fermeture au printemps 2016 jusqu’à l’automne de la même année.

Elle a observé que des centaines de réfugiés arrivaient encore chaque jour en Europe centrale via les vieilles routes de la Macédoine et de la Serbie, ou depuis la Turquie via la Bulgarie et la Serbie. Avec son équipe, elle a par ailleurs constaté que depuis mars 2016, la traversée est devenue « plus difficile, plus chère et plus brutale ».

Les réfugiés se voient notamment privé de leurs droits, doivent franchir des postes de police aux contrôles stricts et risquent à tout moment d’être volés, agressés ou kidnappés par des groupes mafieux.

Les pays européens n’ont pas seulement cherché à fermer les routes de la migration, ils ont également détérioré la situation juridique des réfugiés. La Hongrie a par exemple décidé de loger les demandeurs d’asile dans des conteneurs.

Une loi allemande visant à rapatrier plus rapidement les immigrés originaires du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie a été rejetée le 10 mars. Une large majorité de la chambre haute du parlement a voté contre la législation, qui aurait classé les pays du Maghreb parmi les « pays d’origine sûre ».

Pour le ministre allemande de l’Intérieur, Thomas de Maizière (CDU), « c’est une mauvaise nouvelle au vu de nos efforts pour éradiquer l’immigration illégale ».

>> Lire : Les pays de la route des Balkans s’organisent sans l’UE

 

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