C'est une première dans l'histoire du rugby professionnel français. Pour protester contre le projet de fusion de leur club avec leur rival du Racing 92, les joueurs du Stade Français ont déposé mardi un préavis de grève pour une durée illimitée. Ils ont décidé de ne plus s'entraîner et de ne plus prendre part aux rencontres du Top 14. Avant eux, d'autres sportifs ont déjà eu recours au piquet de grève pour défendre leurs convictions. Retour sur cinq grèves qui ont marqué l'histoire du sport.

Publicité

Le Tour de France en 1978

Menace ultime, la grève a déjà été utilisée à plusieurs reprises par le peloton du Tour du France. D'abord le 29 juin 1966 lorsque les coureurs ont refusé de prendre le départ d'une étape en signe de protestation contre un contrôle antidopage surprise survenu la veille.

Douze ans plus tard, le 12 juillet 1978, le peloton s'est de nouveau relevé. Les coureurs ont parcouru l'étape reliant Tarbes à Valence d'Agen en moulinant tranquillement, avant de passer la ligne d'arrivée en marchant. Ils demandaient un plus grand respect de la part des organisateurs de la course, estimant ne pas avoir assez de temps de repos. Leur mouvement de grève s'est révélé efficace puisque les patrons du Tour leur ont donné raison en leur assurant une pause minimale de 10 heures entre chaque étape.

L'équipe de France de foot en 2010

Il s'agit certainement de la plus grande casserole du foot français. Le 20 juin 2010, les Bleus se ridiculisent en plein Mondial en Afrique du Sud. Pour protester contre la mise à l'écart de Nicolas Anelka, accusé d'avoir insulté son sélectionneur Raymond Domenech à la mi-temps du match contre le Mexique, Patrice Evra et sa bande décident de faire grève en boycottant un entraînement. Cloîtrés dans leur bus, à Knysna, ils observent Domenech lire devant les journalistes un communiqué qu'ils ont rédigé pour expliquer leurs motivations. Deux jours après cette mutinerie insensée, les Bleus s'inclinent face aux Sud-Africains (2-1) et sont éliminés dès la phase de poules. Un désastre national.

La NBA en 2011

Qui dit NBA, dit gros sous. S'estimant lésés par le système de répartition des revenus de leur ligue -une somme estimée à 4 milliards de dollars chaque année- les dirigeants des franchises NBA décident de mettre en place le 1er juillet 2011 un "lock-out", soit une grève patronale.

Concrètement, toute l'activité des clubs est suspendue jusqu'à nouvel ordre et les basketteurs ne peuvent plus accéder aux installations, ni s'entraîner. Censée débuter en octobre, la saison ne reprendra finalement qu'à Noël, après 149 jours de grève. Les patrons ont obtenu gain de cause. Auparavant partagé à 57% en faveur des joueurs et 43% pour les dirigeants, le gâteau est désormais réparti à part égale.

Les arbitres de Ligue 1 en 2011

A l'occasion de la 26e journée de Ligue 1 en 2010-2011, les arbitres annoncent qu'ils vont retarder le coup d'envoi de tous les matchs de 15 minutes. Ils entendent protester contre la détérioration de leurs relations avec les joueurs, les clubs et les présidents. Un coup de force jugé "inadmissible" par la Ligue de football professionnel et la fédération. Les instances répliquent en suspendant tous les trios arbitraux prévus pour arbitrer les matchs prévus ce weekend-là. Pour les remplacer, des arbitres du championnat de National, la troisième division français sont choisis.

La Ligue et la Fédération décrédibilisent également le mouvement en expliquant dans les médias que les arbitres cachent leurs motivations réelles, notamment une hausse de leurs revenus. Résultat, la grève est un échec cuisant.

Le Stade Français en 2017

Le 13 mars 2017 au stade Jean Bouin, le capitaine du Stade Français Pascal Papé, au micro, fait part de sa stupéfaction après l'annonce de la fusion de son équipe avec le rival francilien du Racing 92.

Le 13 mars 2017 au stade Jean Bouin, le capitaine du Stade Français Pascal Papé, au micro, fait part de sa stupéfaction après l'annonce de la fusion de son équipe avec le rival francilien du Racing 92.

© / afp.com/CHRISTOPHE SIMON

Vingt-quatre heures après l'annonce surprise de la fusion entre le Stade Français et le Racing 92, les joueurs parisiens annoncent mardi qu'ils ont déposé un préavis de grève illimitée. "On s'est fait avoir, c'est quelque chose de très dur à avaler, c'est la mort déguisée du club", déclare Pascal Papé, au Stade Français depuis 2007, qui demande l'annulation du projet mené par Thomas Savare et Jacky Lorenzetti, les présidents des deux clubs.

LIRE AUSSI >> Stade Français - Racing 92: les 5 conséquences inquiétantes d'une fusion

S'ils décident d'aller jusqu'au bout de leur logique, les joueurs parisiens pourraient déclarer forfait pour toutes les rencontres du Top 14 prévues à leur calendrier jusqu'à la fin de la saison. Une décision qui aurait de sérieuses conséquences. Au bout de trois matchs non disputés, le règlement de la Ligue prévoit en effet qu'un forfait général soit prononcé à l'encontre du club concerné. Avec un club en moins, le championnat se retrouverait également faussé.

Publicité