Drôle de livre que nous offre Marion Lagardère : « Ni une biographie, ni un livre d’entretiens, ni un pamphlet », prévient d’emblée cette journaliste à la radio Le Mouv. En 2012, la jeune femme avait couvert la présidentielle pour France Inter et noué, à cette époque, un lien de confiance avec celui qui se présente cinq ans plus tard sous les couleurs de La France insoumise. Son témoignage est rare, car les journalistes qui ont pu approcher d’aussi près le pourfendeur des médias se comptent sur les doigts d’une main.
La question lui a été posée mille fois. Interpellée par ses amis, des personnes rencontrées lors de reportages, Marion Lagardère a donc décidé d’apporter à ses lecteurs « une proposition de réponse ». Comme on dit dans le métier, elle a vidé ses carnets, nourris par des heures d’entretiens, hors micro.
Elle décrit un politique « aux deux facettes » : « D’un côté, celui qui veut briller, un personnage solaire (…) qui veut soulever les foules et faire la révolution. Et l’autre, plus discret (…), qui, le reste du temps, souhaite tout simplement qu’on lui foute la paix. » Il y a aussi ce fichu caractère avec lequel M. Mélenchon a dû s’arranger au fil des années. « Ce type qui s’emporte, c’est lui, ce n’est ni une construction ni une invention », assure-t-elle, avant d’ajouter cette esquisse de définition : « Le mélenchonisme, c’est mettre du conflit partout pour générer des interrogations. »
Le texto du président Hollande
L’auteure décrit un intellectuel qui « pense le monde, l’Europe et la France à travers un même prisme socialiste » : « “Socialiste” dans le sens du concept politique. D’une manière générale, l’immense majorité de son temps, de ses préoccupations, de ce qu’il regarde, de sa pensée, tout passe par ce filtre-là. » Tout est politique pour Jean-Luc Mélenchon, jusqu’à la couleur du vernis à ongles de la journaliste – rouge, forcément. « C’est marxisme et révolution, systématiquement, tous les jours et partout », note-t-elle.
Marion Lagardère ne se prive pas non plus de souligner les contradictions du personnage. « Oui, en vrai, il fait partie du système qu’il dénonce, et il ne s’en défend pas. (…) Il est fier de sa luxuriante et précoce petite pile de mandats. (…) Il sait que ça lui sera toujours reproché et que, non, il ne va pas s’inventer un autre profil que le sien, celui du mâle, blanc, âgé, qui a goûté aux plus hautes fonctions de l’Etat. »
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