Comment Nice-Matin a appris la fusillade dans le lycée de Grasse (et ça prouve l’importance des médias)

Damien Allemand
3 min readMar 16, 2017

C’était une journée plutôt tranquille. Non, carrément tranquille même. La demie pause-déjeuner se déroulait comme toutes les autres, entre mauvaises blagues sur la qualité du repas de la cantine et sur la campagne électorale.

On a pris l’habitude de garder l’audience en temps réel de Google Analytics jamais très loin. Et entre deux bouchées, on regarde tout le temps cette courbe qui présente un encéphalogramme proche du plat quand il ne se passe rien. On venait pourtant de publier un scoop sur notre site Internet: le prochain président de la République ne sera ni Varois, ni Azuréen, nos deux prétendants folkloriques étant à des années lumières des 500 parrainages nécessaires.

“Il doit y avoir un truc chez toi mais on ne sait pas ce que c’est…”

Et puis d’un coup, l’audience a décollé juste avant 13h. Comme ça, sans prévenir. Sans mise à jour sur le site. Sans nouvel article publié. Bref, sans rien. En quelques secondes, près de 1000 personnes se sont connectées sur la rubrique de Grasse qui ne croule pas souvent sous une actu débordante. On s’est tout de suite dit qu’il devait se passer quelque chose par là-bas. Un petit tour sur le site qui recense les tremblements de terre, rien… Un autre sur Twitter avec le #Grasse, pas plus. Un coup de téléphone aux journalistes de la zone: “Il doit y avoir un truc chez toi mais on ne sait pas ce que c’est…”

La réponse arrivera quelques secondes plus tard dans les messages privés de notre page Facebook. 13h04, bien avant les premières dépêches: “Attentat. Au lycée Tocqueville à Grasse. On est évacué pour le moment.”

Le premier message Facebook.

Ce message sera suivi par des dizaines d’autres du même genre. Des élèves confinés du lycée, des parents qui nous demandent des infos, des riverains s’inquiétant des sirènes dans leur quartiers… Dans le même temps, l’application d’alerte SAIP du gouvernement envoie un push “Alerte attentat”.

Le temps de récupérer et confirmer quelques infos, notre première dépêche part. Il est 13h09. Des dizaines de mises à jour suivront au fil des événements.

L’emballement médiatique passé, j’ai beaucoup réfléchi à ce pic d’audience. Et ça m’a redonné foi en l’importance des médias. Ce que j’en retiens.

  • Quand il y a une info, les médias restent LE réflexe. Et surtout la PQR

Il se passe quelque chose chez moi, je ne sais pas ce que c’est, donc je me connecte sur le site de mon média local pour avoir la réponse. On avait déjà connu ce phénomène en novembre, après un petit tremblement de terre sur Nice. Quelques secondes après la secousse, ressentie dans toute la ville, l’audience avait été multipliée par 5 avant que le premier article soit publié.

  • La communauté est archi-importante. Choyons-là

Ils nous ont alertés, ont témoigné, nous ont envoyés des photos, nous ont signalés le profil Facebook du jeune tireur… Depuis 2 ans, nous avons appris à nous servir de notre communauté sur les réseaux sociaux, à leur répondre, à ne pas les mépriser, à être transparent. Et à chaque fois qu’on a besoin de son aide, elle ne nous déçoit pas.

  • La data, la data, data !

Merci donc Google Analytics, même si je sais que mes amis journalistes ne t’aiment pas tous :)

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Damien Allemand

Journaliste sur #LesInternets, responsable digital @Nice_matin #monjournal