Syrie : une frappe américaine a fait 46 morts dans une mosquée
Les Etats-Unis ont reconnu avoir effectué une frappe dans le nord de la Syrie contre Al-Qaïda. le commandement nie avoir délibérément visé la mosquée où au moins 46 personnes ont péri, selon un nouveau bilan avancé vendredi.
Un bâtiment religieux entièrement détruit, les voitures alentour carbonisées, des habitants et des secouristes fouillant les décombres à l'aide de torches et de pelles... Un correspondant de l'AFP a filmé ces images terribles après qu'une mosquée a été touchée par un bombardement américain, jeudi soir, à al-Jineh, un village sous contrôle des rebelles situé à 30 km à l'ouest d'Alep.
Au moins 46 personnes ont été tuée, selon un nouveau bilan avancé vendredi. Un bilan initial faisait état de 42 morts. La plupart des victimes sont des civils, indique l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, une centaine de personnes ont également été blessées.
AFP PHOTO / Omar haj kadour
«Nous avons entendu des explosions quand la mosquée a été frappée. C'était juste après la prière, à un moment où en général il y a des cours de religion pour les hommes», a témoigné un habitant, Abou Mohammed. «Quand je suis arrivé, j'ai vu 15 cadavres, et beaucoup de morceaux de corps au milieu des débris. Certains corps n'étaient même pas reconnaissables», a-t-il indiqué.
«Le bâtiment ciblé est à 15 mètres de la mosquée»
Les Etats-Unis ont reconnu avoir effectué une frappe dans le nord de la Syrie contre Al-Qaïda, mais nient avoir délibérément visé la mosquée. «Nous n'avons pas visé une mosquée, mais le bâtiment que nous avons ciblé, là où avait lieu le rassemblement (ndlr. d'Al-Qaïda), se trouve à environ 15 mètres d'une mosquée qui est toujours debout», a plaidé jeudi soir le colonel John J. Thomas, porte-parole du Centcom, le commandement des forces US au Moyen-Orient.
Dans un communiqué préalable, le Centcom avait annoncé que «les forces américaines (avaient) effectué une frappe aérienne sur un rassemblement d'Al-Qaïda en Syrie, le 16 mars, dans la province d'Idlib, tuant plusieurs terroristes». Plus tard dans la journée de jeudi, le porte-parole du Centcom a cependant reconnu que la localisation précise de cette frappe n'était pas claire, mais qu'il s'agissait bien du même raid rapporté sur le village d'al-Jineh, à 30 km à l'ouest d'Alep. «Nous allons enquêter sur les allégations selon lesquelles cette frappe aurait fait des victimes civiles», a ensuite déclaré le colonel Thomas.
La coalition internationale mène depuis 2014 des frappes aériennes contre des groupes jihadistes en Syrie et en Irak, qui ont fait de nomberuses victimes collatérales. Les forces sous commandement américain concentrent habituellement leurs frappes sur les djihadistes de Daech et ceux de Fateh al-Cham, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, qui occupent des régions en Syrie. Mais d'autres forces armées engagées dans le conflit mènent également des raids aériens. Aaux avions de la coalition s'ajoutent ceux du régime syrien, de la Russie et de la Turquie. La Russie a toujours démenti les accusations selon lesquelles ses raids ont tué des civils en Syrie.