Les traces numériques des candidats

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Un politique dit parfois tout et son contraire et ça se vérifie dans cette présidentielle ! On va parler des traces numériques des candidats et de l'effet boomerang avec notre chroniqueur, blogueur chez ReputatioLab, Nicolas Vanderbiest.

Avec
  • Nicolas Vanderbiest Fondateur de l’agence Saper Vedere, un cabinet de conseil dédié à la communication des affaires publiques.

Avec le web, rien de plus facile que de retrouver une déclaration ou un tweet, quasiment dans la seconde

4 min

On le vérifie une nouvelle fois dans cette présidentielle. Les candidats peuvent dire tout et son contraire. Dans le passé quelques archives pouvaient être exhumées, et souvent plusieurs heures après. Avec le web, rien de plus facile que de retrouver une déclaration ou un tweet quasiment dans la seconde ! On appelle çà des traces numériques et cette mémoire est impitoyable. Effet boomerang garanti ! On peut l'affirmer à 37 jours du 1er tour, c'est une véritable tendance de cette présidentielle.

Exemples sonores de traces numériques

1 min

Montage signé Nathalie Lopes

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Cet amoncellement de traces était encore au stade embryonnaire durant la précédente élection. Désormais, la constance est généralisée et les traces numériques sont désormais quotidiennement exhumées par les internautes.

Tweets de Benoît Hamon 2009/2010
Tweets de Benoît Hamon 2009/2010

D'où vient cette tendance ?

Tout le monde communique sur Twitter ou Facebook dans un espace commun. Cela inculque un « tempo » médiatique qui crée une véritable logique de flux conversationnel. Cela fait que vous n’interprétez pas un message de la même façon en fonction de l’actualité. Prenons un exemple très concret. Hier François Fillon gazouillait : « Mon objectif, c’est de faire en sorte que le volume d’heures travaillées dans notre pays soit un peu plus élevé. » #ParlonsTravail.

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Il y a trois mois, ce tweet vous aurait paru totalement normal de la part de François Fillon. Aujourd’hui, vous ne pouvez pas vous empêcher de penser au Penelope Gate à sa lecture.

Le marqueur temporel ou "trace numérique"

C'est une "trace numérique qui va être captée dans le passé pour être ranimée dans le présent". Ce faisant, le contexte de l'émetteur dans lequel a été émis le message disparaît totalement (l’âge, son état d’esprit du moment, les normes auxquelles il se réfère au moment de la publication, etc.) pour être remplacé par le climat actuel. Et ça, c’est très problématique pour un politique.

Ce faisant, le contexte de l’émetteur dans lequel a été émis le message disparaît totalement (l’âge, son état d’esprit du moment, les normes auxquelles il se réfère au moment de la publication, etc.) pour être remplacé par le climat actuel. Et ça, c’est très problématique pour un politique.

Tweet de François Fillon le 9 mars 2016
Tweet de François Fillon le 9 mars 2016

Pour quelle incidence ?

Vous vous retrouvez face à vous comme seul contradicteur. C’est très difficile de lutter contre cela. La seule possibilité, c’est de rappeler le contexte dans lequel tout cela a été produit. Avec pour gros bémol qu’un politique, plus encore si celui-ci est conservateur, doit assumer sa force de conviction. On montre encore d’un cran de difficulté lorsque la période de contradiction est courte.

Tweet de François Bayrou le 21 septembre 2016
Tweet de François Bayrou le 21 septembre 2016

Quelque chose de très difficile à gérer pour un responsable politique

A part une gestion des traces numériques des politiques en temps réel, c’est une mission très complexe. Mais pour moi, le plus important n’est pas là. Il est ailleurs. Là où nous avons actuellement tous ces adolescents qui communiquent chaque jour en se conformant à des normes, des normes qui ne sont pas celles du monde des adultes, période qu’ils atteindront un jour. Le futur président de la République est peut-être déjà là sur Facebook ou Twitter, publiant des messages aujourd’hui qui le pénaliseront bientôt demain. Il y a donc fort à parier que nous n’en sommes qu’au balbutiement de ce tendance et que celle-ci va provoquer une injustice entre ceux qui sont formés à la culture numérique et ceux qui ne le sont pas.

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