L'homme abattu à Orly ce 18 mars, après avoir tenté de prendre son arme à un militaire, était connu comme trafiquant de stupéfiants. Mais pour la justice, il n'était pas en France...
C'est une information qui risque de jeter le trouble sur la manière dont la justice suit les délinquants : selon le contenu de la fiche "J" établie au nom de Zyed B., abattu par des militaires dans l'enceinte de l'aéroport d'Orly, ce samedi 18 mars au matin, alors qu'il venait de s'emparer de l'arme d'un militaire, l'homme était considéré comme hors des frontières du pays.
La fiche mentionne que la police devait procéder à son interpellation dès son retour en France. Elle précise par ailleurs que l'individu, né le 14 février 1978, était recherché pour trafic de stupéfiants. En clair, qu'il avait clairement un profil "droit commun", aucune mention n'étant faite, sur cette fiche "J" (comme justice), d'une éventuelle radicalisation. Multirécidiviste, avec neuf mentions à son casier, il était ainsi connu sous au moins cinq alias, caractéristique de ceux qui font carrière dans le banditisme.
Milieu du banditisme
Une question se pose d'ailleurs aussitôt, concernant les circonstances du contrôle routier dont a fait l'objet Zyed B. vers 6h50, ce matin là. Une patrouille de policiers en tenue, rattachés au commissariat de Stains, est en maraude autour d'un carrefour qui fait la jonction entre Stains et Garges-lès-Gonesse, entre Seine-Saint-Denis et Val d'Oise. Le regard des policiers est attiré par un impact sur la carrosserie du véhicule qui approche. Impact de balle ? Plusieurs versions circulent sur la nature de cette anomalie, mais il se pourrait que le conducteur ait essuyé des tirs avant ce contrôle, et pas de la police. Toujours est-il qu'il réagit mal à ce contrôle, puisqu'il brandit un pistolet à grenaille et tire en direction d'un fonctionnaire, qu'il blesse légèrement (transporté à l'hôpital Lariboisière, il a été rapidement soigné). Les policiers ont riposté, sans que l'on puisse dire, à ce stade, s'ils l'ont atteint, mais un tee-shirt tâché de sang aurait été découvert dans le véhicule.
La raison pour laquelle le fugitif a pris la décision de traverser l'Ile-de-France pour se rapprocher, en premier lieu, de la ville de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, serait liée à ses activités criminelles. Il était en effet proche du milieu du banditisme local, dans le cadre de ses activités de trafiquant de stups. C'est sur cette commune qu'il serait entré dans un bar en proférant des menaces, avant de voler une voiture, ou plutôt de l'arracher à son propriétaire.
Zyed B. était également connu des services de renseignement, mais à ce stade, une chose est claire : la fiche diffusée à son sujet était à côté de la plaque. Il n'était par ailleurs pas inscrit au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, bien qu'ayant fait l'objet d'une perquisition administrative à son domicile au lendemain des attentats du 13 novembre 2015.