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Le frère de Mohamed Merah en marche contre l'intégrisme

Abdelghani Merah, le frère aîné de Mohamed Merah, le 16 février 2017

Abdelghani Merah, le frère aîné de Mohamed Merah, le 16 février 2017 - Philippe Desmazes-AFP

Le frère de Mohamed Merah a entamé début février une marche contre la radicalisation. Abdelghani Merah, parti de Marseille avec 300 euros en poche, compte traverser la France à pied et espère être reçu à Paris par le ministre de la Justice.

Il veut "faire entendre la voix d'un autre Merah". Abdelghani, le frère aîné du terroriste qui a semé la terreur à Toulouse en 2012, a entamé une longue marche à travers la France. Lui qui a dénoncé les actes de Mohamed Merah et la radicalisation de son autre frère Abdelkader - qui sera jugé en octobre pour complicité - souhaite alerter sur la montée de l'intégrisme religieux. Il estime que son frère "a sali la jeunesse de France", a-t-il confié à France bleu Drôme-Ardèche.

Abdelghani Merah, âgé de 40 ans, est parti à pied de Marseille le 8 février et compte rejoindre la capitale tout en suivant le parcours de la Marche pour l'égalité et contre le racisme organisée en 1983 après un crime raciste. "Je marche pour le vivre ensemble, contre les discriminations et pour cette jeunesse déboussolée. Et puis l'affaire Théo, ça donne des armes aux prédicateurs pour cracher sur la France", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Ces jeunes qui prennent le chemin du jihadisme"

Il a franchi Lyon ce mercredi. Parti avec seulement 300 euros en poche comme le rapporte France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, le jeune homme - en rupture avec sa famille - espère être reçu à son arrivée à Paris par Jean-Jacques Urvoas, le ministre de la Justice.

"Je m'inquiète pour ces jeunes qui prennent le chemin du jihadisme (...) Aujourd'hui dans les quartiers, les jeunes aiment plus ce que fait Daesh que ce que fait la police", a assuré Abdelghani Merah pour la radio locale.

"La France le considère comme un Merah"

S'il souhaite dénoncer l'intégrisme religieux, le racisme et l'antisémitisme, sa démarche est aussi personnelle, indique à BFMTV.com Céline Florentino, porte-parole de l'antenne Forces Laïques des Alpes-Maritimes qui l'a régulièrement côtoyé à Nice. Abdelghani Merah s'y était installé depuis six mois pour s'engager auprès d'associations qui se battent contre la radicalisation.

"Il voulait faire quelque chose pour montrer que son nom n'est pas lié que au terrorisme mais aussi à la lutte contre l'islamisme et tous les extrémismes. Depuis cinq ans, sa vie est chaotique. Il a dû quitter Toulouse, menacé par le milieu dans lequel il a grandi. Pour sa famille il est un traître, et le reste de la France le considère comme un Merah. Ce n'est pas facile de trouver un logement et un travail quand on porte son nom. Mais il veut montrer qu'un Merah peut être autre chose."

Entre 25 et 40 kilomètres par jour

Depuis son départ, le jeune homme - qui est à la recherche d'un emploi - marche entre 25 et 40 kilomètres par jour, passe parfois la nuit dehors, appelle le 115 pour trouver un logement d'urgence, est aussi hébergé par des anonymes ou des proches du réseau Brigade des mères ou de l'association Forces laïques qui le soutiennent. 

"Je comprends qu'on puisse avoir des préjugés parce que c'est le frère Merah mais lui qui a vécu au milieu du terrorisme est tellement bien placé pour en parler. Et aujourd'hui, on attend quoi? Le prochain attentat? Il faut qu'on prenne conscience et qu'il y a Marine Le Pen qui monte", a indiqué Nadia Remadna, la fondatrice de Brigade des mères.

"Une aventure humaine"

"Il nous communique régulièrement des photos symboliques, comme récemment à Lyon devant la maison de Jean Moulin", assure à BFMTV.com Laurence Marchand-Taillade, présidente de Forces Laïques. Selon la militante, sa marche suscite la solidarité.

"Des personnes le retrouvent, font un bout de chemin avec lui, prennent du temps pour discuter. Beaucoup nous propose des dons. Nous recevons de nombreux appels de personnes qui nous proposent aussi de l'héberger. C'est une aventure humaine."

Céline Hussonnois-Alaya