"Une civilisation du rythme" de Jacques Réda

Duke Ellington et son orchestre à l'Apollo Theater de New York (1947) ©AFP - INP
Duke Ellington et son orchestre à l'Apollo Theater de New York (1947) ©AFP - INP
Duke Ellington et son orchestre à l'Apollo Theater de New York (1947) ©AFP - INP
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Pour Jacques Réda, la civilisation du rythme, ici, c’est le jazz, qu’il donne à entendre par 4 grands orchestres ou big bands : Fletcher Henderson, Jimmie Lunceford, Count Basie, ou encore Duke Ellington.

Un livre sur le rythme aujourd’hui : le titre, c’est Une civilisation du rythme, c’est écrit par Jacques Réda et paru aux éditions Buchet Chastel. Pour Jacques Réda, la civilisation du rythme, ici, c’est le jazz, qu’il donne à entendre par 4 grands orchestres ou big bands : Fletcher Henderson, Jimmie Lunceford, Count Basie, ou encore Duke Ellington.

C’est par exemple « Black and Tan Fantasy », ou je cite : « un modèle d’œuvre auto-académique », c’est-à-dire ? Un modèle d’œuvre où se retrouvent les deux éléments fondamentaux du jazz, les deux faces complémentaires d’un seul et même phénomène: le blues qui lui « fournit une grande part de sa thématique » ; et le swing, bien sûr, qui en « distingue la singularité rythmique »… Par académisme et auto-académisme même, il faut donc bien entendre la mise en œuvre du propre du jazz.

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Et là est la thèse de Jacques Réda : alors que la musique classique, qu’un concerto de Mozart par exemple, vise l’idéal de la musique, vise à se porter hors du Temps, le propre du jazz, au contraire, c’est de nous confronter au Temps en nous y confortant, c’est de ne pas vouloir le saisir hors de lui-même, mais dans son flux répétitif au présent.

« Swinging the blues » de Count Basie est aussi une autre preuve de ce « présent capturé et perpétué par le rythme », de « la rencontre entre une tension et une détente », du « sauvetage précaire mais renouvelé de l’évanouissement »… Voilà le swing, une syncope perpétuelle de soi et une manière de saisir la nature du Temps, sa mécanique qui émerge et disparaît sans arrêt. Mais en quoi se conforter dans le temps, en quoi s’y abandonner, grâce au jazz, peut-il pourtant donner cette impression d’y échapper ? Et pourquoi le blues et le swing sont-ils ainsi apparus et ont-ils aussi été vus comme les musiques de l’émancipation ? Tout simplement parce qu’ils nous font danser, marcher en cadence, ils nous dévoilent les autres sens possibles des rythmes les plus simples.

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