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Un réseau de faux médicaments devant le tribunal correctionnel de Marseille

Au cours des seuls quatre premiers mois de 2007, les deux prévenus auraient acheminé depuis la Chine plus de quatre tonnes de médicaments contrefaits. Leur procès doit s’ouvrir lundi.

Par  (Marseille, correspondant)

Publié le 20 mars 2017 à 06h38, modifié le 20 mars 2017 à 10h28

Temps de Lecture 3 min.

« Epidémie silencieuse », « pandémie globale » attisée par Internet… Fabricants et autorités sanitaires alertent régulièrement sur une criminalité pharmaceutique en plein essor. Un médicament sur dix vendus dans le monde est une contrefaçon, une activité 10 à 25 fois plus lucrative que l’héroïne ou la fausse monnaie, affirme le laboratoire Sanofi, se référant à une étude de l’Institut de recherche anticontrefaçon de médicaments (Iracm). Le manque à gagner pour l’industrie pharmaceutique en Europe est évalué à 10,2 milliards d’euros par an, selon un rapport de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) publié en 2016.

Pas étonnant donc que le laboratoire français Sanofi et son homologue américain Eli Lilly se soient constitués partie civile dans le procès qui devait s’ouvrir lundi 20 mars devant le tribunal correctionnel de Marseille, second pôle judiciaire de santé publique en France.

Acteurs présumés d’un réseau parallèle responsable de l’introduction en Europe entre 2006 et 2009 de médicaments falsifiés fabriqués en Chine, Arnaud Bellavoine, 47 ans, gérant de fait d’une société offshore sur l’île Maurice, et Catherine Koubi, dirigeante de la société niçoise de courtage Keren SA, comparaissent pour une série d’infractions. Ils doivent répondre au premier chef de tromperie aggravée par le danger qu’ils auraient fait courir aux patients.

Au cours des seuls quatre premiers mois de 2007, ils auraient acheminé depuis la Chine plus de quatre tonnes de deux médicaments dont le principe actif était absent ou grandement sous-dosé, voire remplacé par du sucre. Les prévenus auraient ainsi revendu à des distributeurs grossistes de la chaîne d’approvisionnement de l’Union européenne de grandes quantités de contrefaçons de Plavix (un produit développé par Sanofi-Aventis, indiqué dans la prévention des risques cardio-vasculaires) et Zyprexa (fabriqué par l’américain Eli Lilly et prescrit contre la schizophrénie et les troubles bipolaires).

Tout débute à Genève, en juin 2009, dans les entrepôts sous douanes d’une société de transport aérien. Cinq mille boîtes de contrefaçons de Plavix et 10 000 boîtes de Zyprexa sont saisies. L’enquête dirigée par la juge d’instruction marseillaise Annaïck Le Goff va faire le tour du monde. Elle conduit à Houston (Etats-Unis) où, le 24 juillet 2007, un entrepreneur chinois, Kevin Xu, est interpellé à sa descente d’avion. Le laboratoire Eli Lilly est allé jusqu’à recruter un agent infiltré pour démasquer cet homme à la tête d’un site de production situé à Tianjin, une usine licite où sont aussi fabriquées des contrefaçons. Son ordinateur livre le nom de M. Bellavoine, un de ses contacts habituels.

Selon l’accusation, les deux hommes collaborent pour la fabrication des médicaments falsifiés. Des échantillons sont adressés en Chine par Chronopost depuis la France. Kevin Xu évalue coût et délais de fabrication tandis que M. Bellavoine lui verse des acomptes pour lancer les productions. M. Xu a été condamné à six ans et demi de prison par la justice américaine.

« Risque d’infarctus »

Aujourd’hui, la justice évalue à 2,5 millions d’euros le bénéfice tiré par la société Multiscope Trading de M. Bellavoine. A Marseille, il comparaît libre après avoir purgé huit mois de détention provisoire, après son interpellation en Espagne, le 23 octobre 2012.

Si les laboratoires dénoncent la perte économique, la juge Le Goff a mis l’accent sur les risques sanitaires engendrés par ces médicaments ne contenant pas de principe actif ou sous-dosés. Concernant le Plavix, écrit-elle, « ils font courir aux patients un risque d’infarctus ». Quant au Zyprexa, une moindre efficacité du traitement peut conduire à une réapparition des troubles psychotiques.

Signe que ce marché est en plein essor, le 20 février, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique a démantelé dans la Manche trois laboratoires clandestins de médicaments falsifiés, distribués par Internet. Expédiés dans une cinquantaine de pays, ces produits frelatés étaient censés prévenir et guérir des cancers, la sclérose en plaques, et les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson.

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