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Comment Facebook vous enferme dans un écho-système

Sommes-nous encore capables de débattre sur Facebook alors que tous les contenus proposés découlent de nos précédents clics et creusent ainsi les écarts d'opinions ? Des opinions qui ne peuvent convaincre que ceux… qui sont déjà convaincus. Fermer Facebook serait-il suffisant? Par Raphaël Cosimano, auteur et rédacteur en chef de Gustave & Rosalie. 

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Facebook ne permet pas de prendre le pouls du monde. Il ne permet pas de se confronter à de nouvelles idées.

Justin TALLIS / AFP

Il paraît que nous avons tous un sosie sur Terre. Eh bien figurez-vous que c’est complètement faux. On en a des milliers. Où ça? Sur Facebook. Grâce à leurs likes et leurs interactions, le réseau sait regrouper ses utilisateurs en autant de familles qu’il le souhaite. Ou plutôt que ses clients le souhaitent. Pour qu’un publisher apparaisse sur votre feed, il faut que Facebook lui indique le chemin en lui montrant lesquels de ses profils "ressemblent" à ceux déjà "clients" dudit publisher. Reste à créer une publicité, à payer le réseau et à diffuser son contenu.

Mark Z peut donc expliquer qu’il croit "que le monde se porte mieux quand des gens de trajectoires différentes et possédant des idées différentes ont tous le pouvoir de partager leurs idées et leurs expériences", il ne semble pas que ce soit le cas. Ou en tout cas, ce partage ne se fait pas avec tout le monde. Il est même particulièrement inquiétant de constater les effets de bord d’une généralisation de ces pratiques en pleine campagne présidentielle. Car un news feed qui vous propose d’abord des choses préalablement aimées par vos "sosies" n’est pas une juste fenêtre sur le monde. C’est une chambre à écho.

La consanguinité de l’info

Une étude en particulier, basée sur les historiques internet de 50.000 Américains très consommateurs de news, a confirmé l’existence des "echo chambers": sur Facebook on voit d’abord ce avec quoi on est déjà d’accord. En cause, les algorithmes, les publicités, mais aussi le comportement des utilisateurs.

Cela pose deux problèmes. On ne peut pas s’ouvrir aux opinions des autres si ces opinions ne nous sont jamais proposées. Plus dangereux encore: face à des opinions consanguines, on se sent “validé” dans nos croyances. L’introspection est sacrifiée, la remise en question jamais envisagée.

Facebook ne permet donc pas de prendre le pouls du monde. Il ne permet pas de se confronter à de nouvelles idées. Pire, on imagine bien que la fameuse “reproduction sociale” fait sienne cette situation. On ne sort pas de son pré carré virtuel. Certainement pas pour aller dans celui que l’on voit comme appartenant à l’ennemi, à l’autre, à l’adversaire. On parle à son écho.

La fin de l’empathie?

En pleine présidentielle, comment entendre des voix dissonantes dans ce contexte? Comment faire preuve d’empathie dans une géopolitique de tribus? Là aussi, on peut imaginer une école de pensée plutôt à droite et une autre plutôt à gauche. La première nous dirait que nous sommes tous responsables de nos clics. C’est vrai. La seconde argumenterait que les “echo chambers” ne permettent pas aux gens de voir plus loin que leur environnement immédiat qui, désormais, les suit jusque sur internet. Que le déterminisme existe en 2.0. C’est vrai aussi.

Deux théories intéressantes mais qui ne proposent pas de solution. Alors pourquoi pas celle-ci: forçons Facebook à nous voir dans toute notre complexité.

Comment?

En allant suivre/liker des gens ou des publications (respectables) avec lesquelles nous ne sommes pas forcément d’accord. Pour comprendre comment pense l’autre, ce qui le motive à croire en telle ou telle mesure, proposition, à se placer derrière tel ou tel candidat ou projet. On ne sera peut-être pas convaincu par l’argumentaire « d’en face », mais on finira par le respecter. On fera preuve d’empathie. Mieux, Facebook aura sans doute plus de mal à nous caser dans des groupes et nous montrera du contenu que nous n’aurions jamais vu autrement.

Il paraît que si on est le plus intelligent dans la pièce, alors il faut changer de pièce. C’est également vrai avec les opinions. Si tout le monde autour de vous pense la même chose, il faut aussi changer de pièce. Et aller voir ailleurs, loin. Là où l’écho faiblit un peu.

Par Raphaël Cosimano (@RaphaelCosi), Auteur et Rédacteur en chef de Gustave & Rosalie, une newsletter dédiée aux couples parisiens.

 

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