Paris : à l’Hôtel-Dieu, un toit pour les mères sans abri qui sortent de maternité

 Hôpital Hôtel-Dieu (IVe), lundi matin. Andréa et son bébé sont les premiers bénéficiaires du centre d’hébergement d’urgence dédié aux femmes sans-abri venant d’accoucher. Un lieu inédit et expérimental que l’association Aurore vient d’ouvrir à l’Hôtel-Dieu.
Hôpital Hôtel-Dieu (IVe), lundi matin. Andréa et son bébé sont les premiers bénéficiaires du centre d’hébergement d’urgence dédié aux femmes sans-abri venant d’accoucher. Un lieu inédit et expérimental que l’association Aurore vient d’ouvrir à l’Hôtel-Dieu. LP/Julien Duffé.

    Dans son berceau, la petite Cattaleya-Rose dort à poings fermés sous le regard attendri d'Andréa. « Je suis contente, sourit la jeune femme de 27 ans. Son arrivée me donne plus de force pour aller de l'avant ». La mère et son bébé sont les premiers hôtes d'un centre d'hébergement d'urgence unique en France qui a ouvert vendredi dernier dans des locaux désaffectés de l'Hôtel-Dieu (IVe), l'hôpital de l'Ile de la Cité. Sur 1 000 m2, il peut accueillir simultanément 45 femmes (et autant de bébés) sans abri qui sortent directement de maternité et dont c'est le premier enfant.

    « L'idée, c'est de leur offrir ici pendant deux à trois mois une pause et un accompagnement au plus près pour un nouveau départ » résume Sihem Habchi, directrice de site pour l'association Aurore, qui gère le lieu mis à disposition par l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). Un « sas d'urgence après accouchement » géré par une équipe de 18 personnes dont deux travailleurs sociaux et des auxiliaires de puériculture aux petits soins pour ces jeunes mamans orientées ici par le SIAO (service intégré d'accueil et d'orientation) sur préconisation des assistantes sociales des hôpitaux.

    Jusqu'ici beaucoup de ces femmes isolées en situation de grande vulnérabilité restaient jusqu'à la dernière limite dans les maternités pour finir par rejoindre des centres peu adaptés aux premiers jours d'un nouveau-né. Andréa a ainsi passé dix longs jours à l'hôpital Lariboisière (XVIIIe) après la naissance de sa fille. Et elle ne se voyait pas rejoindre le logement exigu de sa tante qui l'hébergeait avant l'accouchement porte de la Chapelle. « Ici, c'est propre, accueillant, les gens sont gentils, souffle-t-elle. Et puis je peux enfin me reposer ».

    L'ancien service de médecine interne fermé en 2013 a été entièrement refait à neuf pour créer un lieu d'accueil digne : cuisines équipées de réfrigérateurs et de micro-ondes, laveries, salles de change, salles communes où seront organisés des groupes de parole et bien sûr chambres doubles avec vue sur la Seine ou le marché aux fleurs. « On est sur l'île de la Cité et ces femmes qui ont perdu confiance, on veut les inscrire dans la cité » souligne Sihem Habchi.

    Reste que le dispositif, expérimental, ne durera que 18 mois, les lieux devant ensuite être libérés dans le cadre du nouveau projet médical de l'Hôtel-Dieu. « Mais on a l'espoir que la structure se déplace ailleurs, confie la directrice du site. Et pourquoi pas qu'elle fasse des petits… ».

    L’hôpital poursuit sa mue