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Rassemblement national

FN: l'ancien chef du GUD Frédéric Chatillon est salarié de la campagne de Marine Le Pen

Frédéric Chatillon s'est vu interdire par la justice d'avoir des relations commerciales avec le FN mais a signé un CDD au sein du FN.

Frédéric Chatillon s'est vu interdire par la justice d'avoir des relations commerciales avec le FN mais a signé un CDD au sein du FN. - Capture BFMTV

Ce proche de Marine Le Pen et prestataire de nombreuses campagnes du FN fait l'objet d'une mise en examen et sera prochainement renvoyé devant le tribunal correctionnel, soupçonné d'avoir surfacturé des kits de campagne. Il a été embauché comme chargé de mission début novembre dans le cadre de la campagne présidentielle.

Comme le révèle Le Canard enchaîné dans son édition de mercredi, Frédéric Chatillon, ami de Marine Le Pen et longtemps prestataire des campagnes du FN via sa société Riwal, est actuellement salarié du parti, depuis le 2 novembre dernier. Employé à temps partiel comme "chargé de mission" pour 2.550 euros bruts par mois, il est "coordinateur technique du print et du web", précise David Rachline, le directeur de campagne de Marine Le Pen, cité par le Canard. Une information confirmée par l'intéressé à l'AFP.

Frédéric Chatillon et Marine Le Pen se sont rencontrés sur les bancs de la fac à Assas, et cette figure de l'entourage de la candidate à la présidentielle divise, au sein du parti et en dehors. Président du Groupe union défense - GUD, syndicat étudiant d'extrême-droite, "antisioniste" et "anticapitaliste", réputé pour sa violence - dans les années 90, Frédéric Chatillon est accusé d'antisémitisme.

"Il ne serait pas là, on se porterait beaucoup mieux"

Dans un reportage d'Envoyé spécial diffusé jeudi sur France 2, et dans le livre Marine est au courant de tout, paru mercredi, plusieurs témoins, dont Aymeric Chauprade, eurodéputé ayant quitté le FN, lui prêtent une admiration pour le nazisme.

Au FN, de nombreuses personnalités et cadres du parti se tiennent à distance du personnage. Alain Vizier, directeur de la communication du FN, contacté par BFMTV.com, assure ainsi "ne pas le connaître". Dimanche, Gilbert Collard, le député du Gard apparenté FN, affirmait que Frédéric Chatillon ne travaillait pas pour la campagne présidentielle. "Frédéric Chatillon, je ne le fréquente pas. S'il était quelque part, je n'y resterais pas", affirmait l'avocat en marge d'une réunion du bureau de l'Union des patriotes français juifs, association dirigée par un élu FN et membre de son comité central, Michel Thooris, dont il était l'invité.

"Les gens qui sont discutables, je suis pour qu’on les vire. Chatillon, personnellement, (…) je vous mets au défi de me voir en sa présence quelque part. Il ne serait pas là, on se porterait beaucoup mieux", a-t-il aussi déclaré, en février, lors d'un événement organisé par la Confédération des juifs de France et des amis d’Israël (CJFAI).

"Il est un prestataire, un technique"

"Frédéric Chatillon n’a aucune responsabilité exécutive ou administrative au sein du Front national, a expliqué Louis Aliot, également présent.

"Il n’est pas au bureau politique, il n’est pas élu du comité central, il n’est pas au bureau exécutif. Il est un prestataire, un technique", a ajouté le vice-président du FN et conjoint de Marine Le Pen. 

Avec la nouvelle de son embauche, le parti tente de minimiser ses responsabilités et la nouveauté même de cette information. "On a toujours dit qu'il était dans le dispositif", balaye Nicolas Bay, secrétaire général du parti, interrogé par l'AFP. David Rachline décrit quant à lui au Canard des fonctions "exclusivement techniques. Elles ne concernent ni le domaine financier ni le domaine politique", insiste-t-il.

Pour le parti, l'objectif est double: il ne s'agit pas seulement de minimiser le clivage autour de Frédéric Chatillon lui-même, il faut aussi respecter l'interdiction faite à celui-ci par la justice de toutes relations commerciales avec le FN. Une interdiction faite dans l'attente de sa comparution devant le tribunal correctionnel pour escroquerie et abus de biens sociaux, dans l'affaire des kits de campagne surfacturés par sa société, Riwal. Des pratiques qui auraient permis à Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, de s'enrichir. 

Charlie Vandekerkhove