L'Allemagne expulse deux étrangers nés sur son sol, une première

A l'initiative d'un élu social-démocrate (SPD), deux jeunes hommes, soupçonnés d'avoir préparé une attaque terroriste, nés en Allemagne mais sans en avoir la nationalité vont être expulsés, sans espoir de retour.

Illustration. Les deux étrangers expulsés n'auront pas le droit de revenir en Allemagne par la suite.
Illustration. Les deux étrangers expulsés n'auront pas le droit de revenir en Allemagne par la suite. (AFP/FRANK FIFE.)

    C'est une première symptomatique du durcissement des autorités allemandes après l'attentat de Berlin en décembre. Elles vont expulser vers leurs pays deux étrangers nés en Allemagne*. Ils soupçonnés d'avoir préparé une attaque terroriste.

    Le Tribunal administratif fédéral, saisi par le ministère de l'Intérieur de l'Etat régional de Basse-Saxe, a donné son feu vert à l'expulsion des deux hommes, un Nigerian de 22 ans et un Algérien de 27 ans, interpellés le 9 février à Göttingen, dans le centre du pays, dans le cadre d'un vaste coup de filet, a annoncé mardi le ministre de l'Intérieur de ce Land, Boris Pistorius. Il a annoncé que l'expulsion aura lieu avant les fêtes de Pâques, à la mi-avril cette année, selon la chaîne NDR.

    Des armes et un drapeau de Daech saisis

    Selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur de Basse-Saxe, il s'agit de la première décision de ce type en Allemagne. Les deux hommes, placés en détention provisoire, étaient soupçonnés par la police de préparer un «attentat islamiste». Connus pour leur appartenance aux milieux salafistes, ils étaient classés comme potentiellement «dangereux».

    Un drapeau de Daech ainsi qu'une arme à feu avaient été saisis chez eux, à Göttingen, où ils vivaient avec leurs familles. L'attentat «aurait pu avoir lieu à n'importe quel moment», avait indiqué la police, sans toutefois pouvoir établir si les armes saisies étaient prévues pour servir à cet acte. Le parquet n'avait pas vu matière à enquête pénale, considérant que, même si les deux suspects avaient évoqué la possibilité de commettre un attentat, ils n'avaient rien décidé de concret.

    A l'initiative d'un social-démocrate

    Le ministre de l'Intérieur de Basse-Saxe, Boris Pistorius, avait malgré tout décidé de lancer une procédure d'expulsion, contestée par les deux hommes devant le Tribunal fédéral administratif, qui a finalement validé leur expulsion. Tous deux se verront notifier une interdiction définitive de revenir en Allemagne.

    Cette décision, initiée par un Land dirigé par les sociaux-démocrates (SPD), illustre le durcissement des autorités allemandes après l'attentat au camion-bélier, commis le 19 décembre sur un marché de Noël à Berlin par Anis Amri. Ce Tunisien de 24 ans avait vu sa demande d'asile refusée mais n'avait jamais été expulsé du fait, selon Berlin, du manque de coopération des autorités tunisiennes. La chancelière s'est depuis rendue en Tunisie.

    Fin février, la coalition sociaux-démocrates/conservateurs de la chancelière Angela Merkel avait ainsi adopté un projet de loi visant à accélérer les expulsions des milliers de demandeurs d'asile déboutés et celles des étrangers jugés dangereux pour la sécurité nationale ou dont la demande d'asile a été rejetée.

    * La loi sur le droit du sol entrée en vigueur en 2000 prévoit que les enfants nés entre 1990 et 1999 en Allemagne peuvent demander la double nationalité, puis doivent se décider avant leurs 23 ans pour l'une ou l'autre nationalité.