Attentats du 13-Novembre : le médecin-chef du Raid en conseil de discipline jeudi

Nouveau chapitre dans la guerre des polices. Le médecin-chef du Raid est convoqué jeudi pour une audience disciplinaire. Il risque d'un blâme à une suspension d'un an après la sortie d'un livre témoignage abordant l'assaut au Bataclan.

 Matthieu Langlois est médecin-chef de l'unité d'intervention du Raid depuis 2007.
 Matthieu Langlois est médecin-chef de l'unité d'intervention du Raid depuis 2007. Capture d'écran TF1

    Avec 35 000 exemplaires vendues depuis fin octobre, «Médecin du Raid», son récit de l'intervention des forces de l'ordre le 13 novembre au Bataclan, est un succès en librairie. Pourtant, Matthieu Langlois, médecin-chef du l'unité d'intervention du Raid depuis 2007, risque aujourd'hui de voir sa carrière ternie par ce livre-témoignage.

    Comme l'annonçait mardi «L'Obs», celui qui fut l'un des premiers à pénétrer dans le Bataclan, avant même que l'assaut ne soit donné, est convoqué jeudi par l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) pour une audience disciplinaire. Celle-ci pourrait se solder, selon nos informations, par un blâme, voire une suspension d'un an.

    Au-delà du contenu de «Médecin du Raid», écrit avec le journaliste de «Marianne» Frédéric Ploquin chez Albin Michel, ce sont ses interventions médiatiques qui lui sont reprochées. Matthieu Langlois, qui n'a pas souhaité s'exprimer sur cette convocation, aurait désobéi à sa hiérarchie, qui lui avait interdit toute promotion de ce livre dévoilant les coulisses de son métier. De plus, le médecin, qui peut faire appel à un avocat, n'aurait pas respecté la procédure qui impose à tout fonctionnaire d'obtenir l'autorisation expresse de son administration avant de publier.

    Deux livres, deux unités

    Cette affaire illustre la prégnance de la guerre des polices qui oppose régulièrement les deux unités d'intervention, le Raid (niveau national) et la Brigade de recherche et d'intervention (niveau parisien). Denis Safran, le médecin-chef de la BRI, d'un rang hiérarchique plus élevé que son confrère du Raid, se serait plaint en janvier auprès de l'entourage de Bernard Cazeneuve, alors au ministère de l'Intérieur, de l'exposition médiatique de Matthieu Langlois. Une version que l'intéressé conteste.

    Comme nous l'expliquions fin janvier, l'enquête visant Matthieu Langlois fait suite au téléscopage de son ouvrage et de celui de Denis Safran, sorti le 11 janvier. Cet ouvrage, intitulé «Médecin de combat», y aborde également l'intervention au Bataclan, menée avec succès par son unité. Une opération qui divise en interne. La coordination des deux unités suscite l'interrogation en mars 2016 de la commission d'enquête sur les moyens de l'Etat face au terrorisme. Pour éviter «une course à l'intervention» de groupes dont il «n'ignore pas les rivalités», le rapporteur ouvre à l'époque la voie à une possible fusion, à terme, du GIGN, de la BRI et du Raid.

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    Cette résurgence de la guerre des polices a en tout cas scellé le sort du patron du Raid, Jean-Michel Fauvergue, qui a été officiellement remplacé mardi par Jean-Baptiste Dulion. Auditionné le 16 janvier, c'est lui qui avait relu, corrigé et validé les propos du médecin-chef.