Rechercher un article

Au cœur du monde de Gérard Rondeau

Preview

L’Espace Paul Rebeyrolle, à Eymoutiers (France) rend hommage au photographe et réalisateur Gérard Rondeau décédé en septembre 2016, au travers d’une exposition en forme de parcours aux côtés du photographe engagé, de l’habitant du monde, de l’ami intime de la terre des hommes.

À quoi reconnaît-on un artiste ? À son monde bien sûr qui ne ressemble à aucun autre, immédiatement identifiable, à la façon dont il impose son imaginaire dans une lutte aussi intense que celle de Jacob avec l’ange. J’ai toujours été sidéré par la force de création de Gérard Rondeau. Et pourtant il ne travaille qu’à contre-ciel, dans la légèreté, la discrétion même dans les villes en guerre comme Sarajevo. Physiquement, il ressemble à un grand oiseau, moralement il est un être audacieux, secret, lui qui révèle pourtant l’essence d’un paysage ou d’un portrait, la tragédie ou le cri d’une situation.

Il photographie les écrivains en écrivain, les peintres en peintre, les pays en géographe. Il court vers tous les continents, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique. Il aime Tanger, le Bénin ou Reims (sa ville), l’électricité de New York, les bulles de Champagne. Il est toujours en effervescence, en mouvement, attrape ses sujets au vol, presque par effraction. Il glisse sur la vague. Il se déplie, se déploie et au dernier moment, dans une étrange acrobatie qui n’appartient qu’à lui, montre l’évidence de la beauté. Est-il figuratif, surréaliste, abstrait ? Il traverse autant de métamorphoses que l’eau et ses reflets. Ses tableaux auraient pu accompagner Nadja de Breton ou L’Afrique fantôme de Leiris. Gérard Rondeau photographie comme un esprit à nos trousses.

Et pourtant, il me semble que j’ai connu Gérard Rondeau entre le XXe et le XXIe siècle. Il habitait sur les bords de Marne une tour en léger déséquilibre. Les piles de livres y formaient des tours de Pise en papier. Non loin de la cheminée et du feu où se réchauffe les pénates, des souvenirs de voyages disposés selon une symbolique étudiée.
Entre ici, voyageur éberlué ! Approche du grand feu. Au dehors, il neige. Regarde comme les silhouettes dansent sous l’œil gitan de Gérard Rondeau. Cendrars tend sa main amie à Daumal : « J’ai en moi-même ce qui me rend heureux et distant / Et que je porte et qui m’élève ». 

Olivier Frébourg 

Olivier Frébourg est journaliste, écrivain et éditeur des éditions des Équateurs. Il vit et travaille à Sainte-Marguerite-sur-Mer, en Normandie (France).

Gérard Rondeau, Dans l’intimité du monde
12 mars au 21 mai 2017
Espace Paul Rebeyrolle
Route de Nedde
87120 Eymoutiers
France
http://www.espace-rebeyrolle.com/

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android