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Les investissements étrangers en France au plus haut depuis dix ans

L’Allemagne est devenue championne des implantations dans l’Hexagone, avec une progression de 35 % du nombre de projets.

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Publié le 22 mars 2017 à 10h49, modifié le 22 mars 2017 à 10h49

Temps de Lecture 3 min.

Un très bon cru. Quelque 1 117 décisions d’investissements physiques ont été prises en 2016 par des opérateurs étrangers, du géant américain de l’e-commerce Amazon au groupe électronique chinois TCL Communication, désireux d’implanter ou d’élargir des activités en France. C’est 16 % de plus que l’année précédente. « L’année 2016 est la meilleure depuis dix ans », s’est réjouie Muriel Pénicaud, la directrice générale de Business France, en présentant mardi 21 mars son rapport sur l’internationalisation de l’économie française : « Cela représente trois bonnes nouvelles par jour ! »

Pour la première fois, l’Allemagne a dépassé – de peu – les Etats-Unis pour devenir le premier investisseur étranger en France, avec une progression de 35 % du nombre de projets. De la réparation de navires à La Ciotat (Blohm+Voss) à la production de croquettes pour chiens à Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne (Deuerer), les groupes allemands ont fait de la France le premier pays d’accueil pour leurs implantations en Europe.

« Si la France sortait de l’euro, c’est évident que cela aurait un impact sur les investissements étrangers »

Selon Mme Pénicaud, la bonne dynamique se poursuit, malgré l’incertitude liée à l’élection présidentielle. « Nous avons d’avantage de projets en discussion que l’an dernier à la même époque », souligne-t-elle, même si « dans quelques cas, les dirigeants ont prévu d’attendre le mois de juin pour annoncer leur décision. Si la France sortait de l’euro, c’est évident que cela aurait un impact sur les investissements étrangers ».

« Le contexte électoral français n’a apparemment pas freiné les ardeurs », ajoute Marc Lhermitte, associé chez EY : « Des élections, il y en a partout. En revanche, malgré leur fort intérêt pour la France, les groupes étrangers restent prudents sur l’environnement social, fiscal et réglementaire. Cela expliquerait en particulier pourquoi les emplois créés ne suivent pas l’augmentation remarquable du nombre d’implantations. »

10 000 emplois de moins qu’en 2006

Au total, en effet, quelque 30 108 emplois ont été créés, ou maintenus, grâce aux capitaux étrangers en 2016. C’est 11 % de moins qu’en 2015. « Les investissements étrangers ne résoudront pas le problème du chômage en France mais ils sauvent l’équivalent d’une ville par an », insiste Mme Pénicaud.

Pour autant, cet effet bénéfique représente 10 000 emplois de moins qu’en 2006, pour le double de projets. Cette décrue reflète, certes, la transformation des usines, moins gourmandes en main-d’œuvre que par le passé. Mais elle illustre également le souci des groupes étrangers d’éviter d’employer de gros bataillons dans un pays décrié pour ses règles sociales rigides et imprévisibles.

Typique. En 2016, le nombre d’opérateurs étrangers qui ont choisi de mener une première implantation en France a crû de 32 % : ils génèrent 13 % des projets, mais 4 % seulement des emplois. Comme si ces nouveaux venus testaient l’eau… « L’image de la France s’est adoucie, la French Tech, les start-up, le renouveau entrepreneurial, ces thèmes prennent bien en dehors de nos frontières. Mais nos clients étrangers attendent que la compétitivité française continue à s’améliorer pour y implanter davantage de sièges sociaux ou de sites de production et de recherche, et surtout plus lourds en effectifs », explique M. Lhermitte.

Succès du crédit d’impôt recherche

En attendant, ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. En particulier, les étrangers plébiscitent la France pour installer leurs centres de recherche et développement, grâce notamment au succès du crédit d’impôt recherche, ce qui a permis de générer 2 612 emplois. McCain, le roi américain de la frite, a ainsi créé un centre d’innovation dans les Hauts-de-France, avec 15 emplois à la clé, tandis que le semencier japonais Sakata annonçait le recrutement d’une dizaine de personnes à Uchaud (Gard).

Mais les investissements dans la production – premier contributeur avec 11 271 emplois créés – représentent quand même 25 % des projets mis en œuvres en France par les industriels allemands, italiens ou japonais. Le premier ministre, Bernard Cazeneuve, devait d’ailleurs se rendre jeudi 23 mars à Cherbourg (Manche) pour poser la première pierre d’une usine destinée à fabriquer des pales d’éoliennes : un investissement de 50 millions d’euros réalisé par le danois LM Wind Power, désormais dans le giron de l’américain General Electric, qui devrait susciter 500 emplois.

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Autres secteurs gros pourvoyeur de « jobs », la logistique et la distribution. Les plates-formes qu’Amazon, UPS et autres Otto ont bâties ou agrandies en 2016 représentent 3 863 emplois créés, auxquels s’ajoutent 3 459 « jobs » dans les points de vente de l’américain Cosco ou du britannique Primark.

Le centre de distribution d’Amazon à Saran, dans le Loiret, en octobre 2016.

A noter toutefois que, à ce stade, les statistiques publiées par Business France ne tiennent pas compte des restructurations, que Marks and Spencer réduit la toile, que Whirlpool prévoit la fermeture de son site d’Amiens (290 salariés) pour délocaliser la production en Pologne ou que l’agrochimiste scandinave Yara dévoile le 8 mars son intention de mettre en vente son usine de Pardies (85 salariés), dans les Pyrénées-Atlantiques…

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