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Des mammouths et des tas d’autres os détectés par les archéologues sur le GCO

La première phase des sondages archéologiques sur le tracé de la future autoroute payante se terminent. Les archéologues ont découvert 47 « points d’intérêt », mais qui ne donneront pas tous lieu à des fouilles.

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Des mammouths et des tas d’autres os détectés par les archéologues sur le GCO

L’ampleur du chantier du Grand contournement ouest (GCO, voir tous nos articles) de Strasbourg a poussé la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) à communiquer sur le diagnostic archéologique, qui précède les travaux. Une opération inhabituelle à ce stade d’avancement mais il fallait bien répondre aux questions du public, surtout après les témoignages énervés et les photos d’une partie des maires concernés.

Les visites des sondages archéologiques n’ont pas été autorisées ou ont donné lieu à des échanges tendus quand elles ont été faites à l’improviste. En réponse, la Drac a néanmoins fourni de belles photos, sous un ciel clair, qui ne ressemblent guère à celles avec des sols boueux prises par les opposants. En somme, c’est une bataille de communication qui se poursuit (après des épisodes dans les affiches publicitaires, des magazines ou dans des émissions télé).

Pour l’instant, il se s’agit que de repérer les endroits qui mériteraient des fouilles archéologiques d’ampleur. Le diagnostic sur les surfaces cultivées doit se terminer mardi 28 mars. Une seconde phase, de plus petite ampleur, est prévue à l’automne dans les forêts.

Mammouth, renne, os humains…

Les archéologues de l’Institut national des recherches archéologiques préventives (Inrap) et d’Alsace Archéologie, qui se partageaient les six tronçons à expertiser, ont découvert pas moins de 47 « points d’intérêt archéologique ». Parmi les trouvailles les plus intéressantes : des os de mammouth, des squelettes de rennes, des restes osseux humains, des clous de chaussures ou encore une voie romaine vers Strasbourg, enfin plutôt vers Argentoratum.

Les forages sont allés jusqu’à 12 mètres de profondeur, sur 3 des 6 tronçons (photo DRAC / doc remis)

Pas de fouilles systématiques

Dans le détail, quatre sites ont fourni des vestiges issus de la préhistoire ancienne (-110 000 à -70 000 av J.-C.), 17 du Néolithique (-6 000 à -2 200 av J.-C.), 19 de la protohistoire (âge du fer, du bronze et de l’acier de -2 200 à -50) , 6 de l’Antiquité (de -52 à 476 après J.-C.) et un du Haut Moyen-Âge (de 476 à 900 après J.-C. environ). Ces résultats ont été brièvement présentés à la presse jeudi matin mais les emplacements précis n’ont pas été rendus publics, pour ne pas susciter de convoitises ou de pillages.

Ces 47 points « ne donneront pas tous lieu à des fouilles étendues » prévient Frédéric Séara, conservateur régional de l’archéologie à la Drac, qui supervise les opérations de recherche. Ces nombreuses découvertes ne constituent « pas une surprise », mais la concentration de points intéressants est « plus élevée que pour la LGV Est », explique Éric Boes, directeur adjoint de l’Inrap du Grand Est.

Certains sondages se sont limités à la surface (photo Drac / doc remis)

« Opération hors norme »

Les prochaines étapes sont le rendu de rapports, puis la hiérarchisation et la préconisation de lieux à fouiller par la commission territoriale de recherche archéologique. Ensuite, la préfecture devra publier des arrêtés permettant des fouilles complètes.

Les archéologues sont intervenus sur les terrains mis à disposition (contre indemnisation) par les agriculteurs, mais pas sur ceux qui s’y sont opposés. Le diagnostic s’est étalé sur l’ensemble des 24 kilomètres, soit une emprise de 470 hectares selon la Drac. « Une opération hors norme », selon Éric Boes, qui convient que le calendrier était serré.

Un exemple de découverte (photo Drac / doc remis)

Le débat des 5%

Des maires ont critiqué que l’opération se limite à 5% des surfaces du tracé du GCO, là où la préconisation habituelle est de sonder entre « 5% à 10% » de l’emprise. Pour Frédéric Séara, avec les fouilles passées (ligne de TGV, découverte d’un massacre à Achenheim), il n’était pas nécessaire de sonder davantage les sols :

« Le contexte était documenté, donc il était pertinent de ne pas s’engager de manière excessive, avec les problèmes de remise en état et de conservation que cela entraîne. »

Ce protocole découle d’une décision de l’État, co-signataire du contrat, à travers la Drac et non de l’aménageur (Arcos/Vinci). Sur trois tronçons, les sondages sont allés jusqu’à 12 mètres de profondeur.

Selon les archéologues, le diagnostic sur 5% des surfaces permet d’assez quadriller le terrain. Elles permettent d’imaginer l’emprise du tracé (Photo F.Basoge/ Alsace Archéologie doc remis)

Onze mois de fouilles prévus

Dans le contrat de concession, une période de onze mois pour les fouilles archéologiques est prévue de février à décembre 2018. Les 47 découvertes n’entraînent pas de retard, si les fouilles restent d’une ampleur limitée.

Selon les intervenants, les moyens humains nécessaires aux fouilles qui seront décidées seront apportés. Alsace archéologie peut recruter temporairement et l’Inrap peut faire appel à des renforts en provenance de l’ensemble du Grand Est (qui comprend aussi la Bourgogne et la Franche-Comté dans son organisation), voire de la France entière.


#GCO

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