Fillon victime d'un "cabinet noir" : une "plaisanterie", selon le journaliste du "Canard"

VIDÉOS. L'un des auteurs du livre cité par François Fillon pour dénoncer les supposés agissements de l'Élysée contre lui a fermement démenti.

(avec AFP)

Temps de lecture : 5 min

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Invité de L'Émission politique sur France 2, François Fillon s'est montré très offensif pour tenter de remonter dans les sondages. Il a ainsi proféré plusieurs accusations. François Fillon a notamment dénoncé un « scandale d'État » et accusé François Hollande d'organiser à la tête d'un « cabinet noir » les fuites dans la presse sur ses affaires judiciaires.

Le chef de l'État n'a pas attendu la fin de L'Émission politique de France 2 pour « condamner avec la plus grande fermeté les allégations mensongères » de François Fillon, assurant n'avoir été « informé » des affaires qui concernent ce dernier que « par la presse ». Les propos de Fillon apportent « un trouble insupportable » à la campagne présidentielle, a-t-il ajouté. « Le seul scandale ne concerne pas l'État, mais une personne qui aura à en répondre devant la justice », a insisté la présidence.

Ce qui n'est pas clair, c'est ce que François Fillon doit justifier auprès de la justice

Puis, ce vendredi matin, il est revenu à la charge sur Franceinfo, au micro de Jacques Vendroux, dans le cadre d'une émission sur le sport habituellement diffusée le dimanche soir. « Je ne veux pas entrer dans le débat électoral, je ne suis pas candidat, mais il y a une dignité, une responsabilité à respecter. Je pense que M. Fillon est au-delà maintenant, ou en deçà », a déclaré le chef de l'État.

Quant au « cabinet noir », le chef de l'État a balayé l'accusation : « Écoutez, il y a un cabinet, heureusement, qui travaille, mais nous n'avons pas à nous mêler des affaires. Et vous savez ma position, ça a toujours été l'indépendance de la justice, le respect de la présomption d'innocence et ne jamais interférer. Je crois que c'est très différent de mes prédécesseurs. » « Tout est clair ici, et ce qui n'est pas clair, c'est ce que François Fillon doit justifier auprès de la justice », a attaqué François Hollande.

Le candidat de la droite à l'élection présidentielle est mis en examen notamment pour recel et complicité d'abus de biens sociaux ainsi que pour détournement de fonds publics dans le dossier des emplois présumés fictifs de son épouse.


Lourdes accusations

La virulence du chef de l'État répond aux très graves accusations proférées jeudi soir dans L'Émission politique par François Fillon : « Ça fait deux mois que la presse déverse sur moi des torrents de boue », s'est emporté dès le début de l'émission le député de Paris, donné éliminé dès le premier tour dans tous les sondages. « Ça m'a fait souvent penser à Pierre Bérégovoy », a même confié François Fillon, en référence à l'ancien Premier ministre socialiste mis en cause dans une affaire de prêt et qui s'était suicidé en 1993. « J'ai compris pourquoi on pouvait être amené à cette extrémité », a expliqué François Fillon.

Avant d'accuser François Hollande d'être à la tête d'un « cabinet noir » : « Il y a un livre qui sort ces jours-ci, dont j'ai pu lire les bonnes feuilles, qui a été écrit par des journalistes qui sont très loin d'être mes amis puisque deux d'entre eux sont des journalistes du Canard enchaîné  », a fait valoir François Fillon. Ce livre (Bienvenue Place Beauvau, Police : les secrets inavouables d'un quinquennat, d'Olivia Recasens, Didier Hassoux et Christophe Labbé, éd. Robert Laffont, NDLR) « explique que François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l'intéressent à son bureau, ce qui est d'une illégalité totale, comment il est branché directement sur Bercy, sur Tracfin, sur les informations qui lui sont apportées en permanence, comment il est au courant des moindres faits, des moindres filatures, y compris concernant son ancien Premier ministre Manuel Valls », a-t-il expliqué. Selon lui, « on cherchait un cabinet noir, on l'a trouvé, en tout cas, à travers ces allégations ».

« Moi, ce soir, solennellement, je demande qu'il y ait une enquête d'ouverte sur les allégations qui sont portées dans ce livre, parce que c'est un scandale d'État », a insisté François Fillon. « Si ce qui est écrit dans ce livre est vrai, je pense que, dans l'histoire récente de la Ve République, un chef d'État n'est jamais allé aussi loin dans l'illégalité, la prise de pouvoir sur des services sur lesquels il ne devrait pas avoir autorité », a-t-il également affirmé.

Démenti

Un des auteurs, Didier Hassoux, a démenti sur Franceinfo les propos de François Fillon, assurant n'avoir « jamais écrit ça » et accusant le candidat d'avoir voulu faire un « coup ». « Dire que l'affaire Fillon vient de l'Élysée, c'est une plaisanterie. C'est ne pas faire confiance aux journalistes. On fait un travail d'investigation. Tous les jours, on est sur le terrain, à travailler avec nos sources, pour essayer d'annoncer ou de dénoncer des faits, qui concernent François Fillon, mais aussi d'autres personnages importants de l'État. On fait notre boulot », a fait valoir le journaliste du Canard enchaîné ,qui souligne que « dans le livre, au sujet de l'affaire Fillon, il est d'ailleurs écrit que : Cette fois, le supposé cabinet noir n'y est pour rien »…


« Je laisse à François Fillon la responsabilité de ses propos. Ça fait plusieurs années qu'on travaille sur les questions de police et de politique. On a vraiment gratté dans toutes les officines de la République. Et on écrit en page 24 qu'il n'est pas possible d'apporter la preuve formelle de l'existence d'un cabinet noir. On aurait préféré, cela aurait été plus simple ! » Didier Hassoux reconnaît que « dans ce pays la police est politique », mais que, « par exemple, Nicolas Sarkozy avait conceptualisé cela de façon beaucoup plus ardue. Il avait créé une officine complètement dédiée à la remontée directe des informations judiciaires jusqu'à lui, qui s'appelait la DCRI (Direction générale de la sécurité intérieure. »

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a dénoncé dans un communiqué « les affirmations sans fondement » de François Fillon, qui « a voté systématiquement contre tous les textes renforçant l'indépendance de la justice et favorisant la transparence de la vie politique ».

LIRE aussi Fillon à « L'Émission politique » : une soirée animée par les affaires

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Commentaires (290)

  • artaban

    Tous azimuts
    est-ce normal que nos journalistes influencent et selon leur mimique ou leurs émotions ou les termes de langage qu'ils choisissent donnent en réalité leurs opinion en lieu et place de faits rien que des faits ce qui devrait être leur métier et non celui de manipulateur au profit de leur idéologie masquée qui transpire telleent

  • Timéo Danaos

    Tout est clair ici : "Le jour n'est pas plus clair que le fond de mon coeur. " (Hollande-Racine) C'est beau comme l'antique...

    Et ce qui est pas clair, c'est que François Fillon soit exclu de la campagne présidentielle par les services de l'Etat : depuis quand c'est à l’Élysée que sont choisis les papables et réprouvés ?

    Si c'était encore à démontrer, il est patent et manifeste, à tous, que lorsqu’on leur laisse les rênes du pouvoir, les socialistes, du monde entier, ne peuvent s'empêcher soit d'en abuser, soit de pervertir les institutions démocratiques pours'en faire un jouet de leurs caprices totalitaires.
    L'histoire du socialisme n'est qu'une long bégaiement : "La grande force des socialistes c'est qu'ils ne se corrigent jamais de leur erreurs. " E. RENAN

    Ils voudraient bien, les pôvres, se montrer démocratiques mais c'est plus fort qu'eux, leur idéologie totalitaire reprend toujours le dessus.

  • Timéo Danaos

    "Tout est clair ici, et ce qui n'est pas clair, c'est ce que François Fillon doit justifier auprès de la justice »
    François Hollande n'aurait pas dû évoquer nommément le cas Fillon ; ce faisant il s'implique partialement dans la campagne et ne peut plus se dire président de tous les Français, au-dessus de la mêlée ; il montré un bout de l'oreille et ce qui est clair c'est qu'il tente encore de dissimuler son rôle dans les mises en examen successives de ses adversaires politiques : la honte pour une démocratie ; Hollande se fait Erdogan ou Poutine, au choix.