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Présidentielle : les jeunes angoissés par les mutations du travail

Un colloque intitulé « Et le travail demain ? », destiné à alimenter le débat d’idées des présidentiables, s’est intéressé ce jeudi au regard des jeunes sur le travail, une génération qui se montre finalement très prudente face aux évolutions technologiques.

Les jeunes interrogés se montrent particulièrement prudents face à l’émergence de l’économie collaborative et participative perçue négativement du point de vue des garanties collectives
Les jeunes interrogés se montrent particulièrement prudents face à l’émergence de l’économie collaborative et participative perçue négativement du point de vue des garanties collectives (Shutterstock)

Par Marie-Sophie Ramspacher

Publié le 24 mars 2017 à 07:02

A un mois de la présidentielle, acteurs et experts du monde du travail (Edenred, Alpha, ProWebCe, Salons CE, Cap, ANDRH, Solutions RH) se sont intéressés au vécu des salariés. Intitulé «  Et le travail demain ?  » le colloque, organisé ce jeudi, nourrissait une ambition : alimenter les programmes des candidats à la présidentielle qui parlent abondamment de chômage et de son corollaire, l’emploi, mais rarement de conditions de travail.

Dévoilées lors du colloque, les conclusions du sondage sur les Français et le travail rejoignent celles de la grande enquête menée par la CFDT, « Parlons travail  ». En dépit des mutations à l’oeuvre, la majorité des Français aiment leur métier : « Plus que les autres salariés, notamment les anglo-saxons, ils ont un rapport affectif au travail avant d’être utilitaire. Celui-ci représente l’identité des individus et leur lien social avec les autres », décrit Marc Kogon, directeur de Sondages CE. Paradoxalement, les jeunes, frappés de plein fouet par le chômage, ont la même appréciation : « Le travail marque la reconnaissance d’un échange de don au travers du rapport salarial. » L’une des différences intergénérationnelles réside dans la perception de l’entrepreneuriat. 64% des 16 à 21 ans souhaitent créer leur entreprise et perçoivent positivement le développement des nouvelles formes de travail indépendant (freelance, auto-entrepreneur…), qui luttent contre le chômage.

Paradoxalement, ils se disent plus réfractaires face à la mutation numérique, soucieux des effets sociaux et des potentielles destructions d’emplois. Une inquiétude que les experts de la table ronde ont relativisé : « Les craintes face aux évolutions technologiques ont toujours été démenties par l’histoire. Dans les années 1950, la moitié des emplois étaient agricoles, et pourtant tous se sont déversés sur d’autres activités, à l’image des 20.000 porteurs d’eau que comptaient Paris jadis », a argumenté l’économiste Gilbert Cette, membre du Conseil d’analyse économique (CAE). « Le numérique va certes influencer la physionomie des emplois, mais ses gains de productivité restent faibles pour l’instant », a poursuivi François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC.

Les jeunes interrogés se montrent particulièrement mitigés face à l’émergence de l’économie collaborative et participative : vue comme une opportunité de libre organisation et de maîtrise de son temps, elle est en revanche perçue négativement du point de vue des garanties collectives (protection sociale, droit du travail et droit de grève). En toile de fond, cette génération redoute la disparition de l’emploi salarié et la prolétarisation des indépendants exerçant pour les plateformes numériques. « Les changements en cours demandent en effet de l’attention et de la vigilance, mais les chiffres actuels démontrent que l’emploi salarié se maintient voire progresse dans 31 des 34 pays de l’OCDE. Quant aux problèmes d’accès à l’emploi, récurrents en France depuis des décennies, ils préexistaient au numérique », relativise Gilbert Cette.

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Le cas spécifique de la France, qui fait effectivement partie des trois pays dans lesquels le salariat décroît, alors même qu’il est « moins robotisé que ses voisins européens » s’explique par le succès du statut d’auto-entrepreneur qui a certes profité aux VTC _40.000 emplois auraient été créés par les chauffeurs_ « mais aussi à des diplômés très qualifiés, délivrant des prestations de conseil qui ne se plaignent guère de leur statut ».

Parmi les autres craintes exprimées, les mobilités professionnelles encouragées par les entreprises « mais non sécurisées » et l’implication croissante dans la vie professionnelle « chronophage et potentiellement épuisante ». Des angoisses qui ont visiblement pris de court les dirigeants. « L’entreprise n’est pas adaptée aux attentes de cette génération, hédoniste, demandeuse de formats courts et de plaisirs immédiats. Organisée pour donner un travail, elle n’est pas dimensionnée pour fournir continuellement des projets porteurs », a répondu Cyril Zimmermann, président de HiMedia Group, visiblement agacé par l’aversion au risque des jeunes répondants.

Marie-Sophie Ramspacher

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