Poutine reçoit Marine Le Pen et se défend de vouloir peser sur l'élection

Jusqu'à ce vendredi matin, on ignorait si Marine Le Pen rencontrerait Vladimir Poutine à l'occasion de son déplacement en Russie. Le Front national n'avait rendu public aucun agenda pour cette visite. C'est chose faite. Le président russe Vladimir Poutine a bien reçu au Kremlin la chef de file de l'extrême droite française. Une première.

« Nous ne voulons en aucun cas voir de l'influence sur les événements à venir, a utilement déclaré le président russe, soupçonné d'avoir pesé activement sur le scrutin américain de novembre. Mais nous nous réservons le droit de communiquer avec les représentants de toutes les forces politiques du pays, comme le font nos partenaires européens ou des États-Unis. » Il est toutefois exceptionnel que Vladimir Poutine reçoive un candidat à une élection présidentielle à une date aussi rapprochée de l'élection. La coutume et le protocole l'amènent à rencontrer des chefs d'État de son rang ou éventuellement des chefs de gouvernement de pays ayant un régime parlementaire.

« Une nouvelle vision du monde »

Vladimir Poutine s'est aussi adressé à son hôte : « Il est intéressant d'échanger avec vous sur la façon de développer nos relations bilatérales et la situation en Europe. Je sais que vous représentez un mouvement politique européen qui se développe assez rapidement », a-t-il remarqué. Vladimir Poutine représente « une nouvelle vision » d'un « monde multipolaire », a déclaré de son côté la candidate du FN à la présidentielle. « Je défends un monde multipolaire et je défends la coopération entre des nations libres. Je pense qu'il représente aussi une nouvelle vision » du monde, a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Moscou.

Évoquant le « nouveau monde » ayant émergé ces dernières années, Mme Le Pen a estimé que c'est « le monde de Vladimir Poutine, le monde de Donald Trump aux États-Unis, le monde de M. Modi en Inde », ajoutant qu'elle partageait avec ces pays « une vision de coopération et non pas une vision de soumission, belliciste telle que celle qui a été exprimée trop souvent par l'Union européenne ».

« Développer les relations avec la Russie »

Auparavant, la dirigeante du Front national avait rencontré le président de la Douma, la Chambre basse du Parlement russe, Viatcheslav Volodine. « Je suis partisan de développer les relations avec la Russie dans le cadre de cette longue histoire qui lie nos deux pays », avait expliqué Mme Le Pen, en tête des sondages au premier tour de l'élection présidentielle, au début de l'entretien. Elle fait partie des politiciens européens qui prônent un rapprochement avec Vladimir Poutine et qui approuvent l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 par la Russie.

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Ce vendredi matin, le secrétaire général du FN avait souligné que Marine Le Pen était « la moins isolée des candidats à la présidentielle [...] avec Donald Trump à l'ouest et Vladimir Poutine à l'est ». « Marine Le Pen cherche à rencontrer tous ceux qui, à travers le monde, sont en phase avec ses préoccupations : l'émergence d'un monde multipolaire, le respect des États souverains. Partout dans le monde, il y a cette aspiration des peuples au patriotisme », avait ajouté Nicolas Bay.

Poutine, plus accueillant que Trump

Concernant la Russie, « l'UE a organisé des sanctions, la Russie a organisé une riposte légitime, un embargo sur nos produits agricoles. Il faut des relations internationales saines et équilibrées », avait jugé l'eurodéputé. « Marine Le Pen ne veut pas qu'on se mette sous la tutelle de la Russie, mais retrouver des relations normales et apaisées avec une grande puissance. »

Marine Le Pen s'est rendue déjà à plusieurs reprises en Russie, mais elle n'a jamais rencontré officiellement Vladimir Poutine. Elle avait démenti son ex-conseiller international Aymeric Chauprade qui avait suggéré qu'une telle rencontre s'était produite. En déplacement à New York, dans la Trump Tower, début janvier, après l'élection de Donald Trump, mais avant son investiture, elle n'avait été reçue officiellement ni par le nouveau président américain ni par aucun membre de son équipe.