Dans l’ensemble, quoi qu’en disent les partis eurosceptiques et leurs dirigeants, la grande majorité des Européens, à l’exception notable des Autrichiens, des Grecs et des Chypriotes, avaient plutôt une image positive de l’Union Européenne en 2015. Même au Royaume-Uni, où l’on était 32 % à avoir une image positive de l’UE, contre 28 % a en avoir une image négative. Mais c’était avant la crise des migrants et la campagne du Brexit, qui a véhiculé une image déplorable de l’UE.

Au fond, que lui reprochent les eurosceptiques ? Sa bureaucratie toute-puissante, son opacité, et la cure d’austérité imposée aux petits pays, répondent-ils en chœur.

Ainsi, le Finlandais Timo Soini, ministre des Affaires étrangères et cofondateur du Parti des Finlandais, eurosceptique, dénonce toujours “la bureaucratie européenne” et l’euro… Lors d’une intervention officielle, le 22 août 2016, il n’en faisait pas mystère :

Je ne crois pas à l’idée d’une plus grande intégration. D’autant que cette Union toujours plus étroite est testée par les énormes défis auxquels la zone euro fait face, sans oublier l’instabilité géopolitique, qui donne lieu à des migrations parfois incontrôlables.”

Quant à l’Allemande Frauke Petry, codirigeante de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et porte-parole de ce parti eurosceptique, anti-immigration et anti-islam, elle jouait les Cassandre dans une interview accordée au Financial Times en juillet 2016 :

Si nous ne faisons pas de réformes radicales dans les cinq ans, en d’autres termes si nous ne parvenons pas à rendre le pouvoir aux différentes capitales, alors la question [d’une éventuelle sortie] se posera ici aussi, en Allemagne.”

Même les défenseurs de l’Europe ne lui épargnent pas la critique. Mais c’est pour mieux rappeler son utilité. Yanis Varoufakis, par exemple. L’ancien ministre des Finances grec, fondateur en février 2016 de Diem25, un mouvement pour une Europe plus démocratique et sociale, déclarait en janvier 2017 à l’hebdomadaire italien L’Espresso :

Si nous voulons sauver l’Europe, la meilleure chose que nous puissions faire c’est d’‘européiser’ certains problèmes gigantesques : pauvreté, crise de la dette, migrations… Aujourd’hui, pour être véritablement proeuropéen, il faut s’opposer aux institutions officielles européennes et proposer d’autres voies.”