
Football
Par David Allignon
Publié le 26 mars 2017 à 06h22
Cela fait maintenant deux ans. Deux années que Jean-Luc et Joëlle Moréra ont quitté Roanne (Loire) pour s’installer à Ferrières-Saint-Mary et démarrer une nouvelle vie. Lui était responsable d’un magasin de peinture. Elle travaillait dans une pharmacie. Aujourd’hui, le couple tient le Vival du centre bourg, au bord de la RN 122.
Et comme chaque matin désormais, la journée commence à 6 h 30. Il faut deux heures à Jean-Luc pour approvisionner son camion. C’est seulement vers 9 h 30 que débute sa tournée, après le rituel du café à l’Hôtel des voyageurs. « Tout ce que l’on trouve dans le magasin, on le trouve dans mon camion », lance le commerçant. Le pain est pris à la boulangerie locale. « J’ai aussi des petits fromages d’une ferme de Chalinargues, délicieux ! ». L’avantage du circuit court.
Jean-Luc s’installe au volant de son Ivéco. Le véhicule porte les stigmates des milliers de kilomètres déjà parcourus. « Les routes sont étroites par ici », s’amuse le conducteur. Le camion quitte Ferrières-Saint-Mary. Direction Lusclade. La route, qui grimpe et serpente à travers une forêt parsemée de rochers, est à peine plus large que l’Ivéco. Parvenu à plus de 1.000 mètres, le froid se fait plus piquant.
Apprécié des clients, Jean-Luc ne se contente pas de klaxonner pour prévenir de son arrivée. Il fait du porte à porte et s’arrête devant la plupart des maisons ! Si nécessaire, il prend soin d’aider les personnes les plus fragiles et porte les sacs à l’intérieur de la maison. La première cliente s’approche. Bientôt rejoint par une autre. Les sacs, la liste des courses et le chéquier, rien ne manque. Pas même les pantoufles. « Ah, je l’aime bien mon épicier ! » sourit la petite dame. La conversation s’engage et s’oriente d’emblée sur l’actualité politique. « Quelle honte ce Fillon, avec toutes ces affaires et son sourire sarcastique, il ferait mieux de faire comme l’autre et démissionner ! ». Lait, jambon blanc, gâteaux, endives, mayonnaise… et un beau morceau de pâté pour finir. « Faut faire attention au cholestérol tout de même », lui suggère sa voisine. « Une fois qu’on sera au cimetière, le cholestérol, on n’en aura plus ! (rires) ».
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Le trio se quitte là-dessus, mais pas avant d’avoir échangé quelques mots de patois. « Il s’améliore », remarquent les deux habitantes de Lusclade.
Jean-Luc reprend la conduite pour effectuer… une vingtaine de mètres. Il traverse la place du village, passe la marche arrière et le voilà prêt à prendre la commande d’une autre cliente. Souvent d’ailleurs, sur la liste figure en bonne place l’indispensable part de fromage, mais pas uniquement. « Je passe environ 20 kg de Cantal par semaine et plus de fruits et légumes qu’au magasin ».
Rézentières, Chazeloux, Molompize, La Bastide… La tournée compte ce jour-là une centaine de kilomètres. Retour à Ferrières-Saint-Mary aux environs de 17 heures. Six jours sur sept et pas moins de 600 km par semaine pour assurer la vente auprès de 120 clients. Quelques-uns en plus en période estivale. « C’est la tournée qui nous fait vivre », assure Jean-Luc. Se pose alors la question de la baisse de la démographie en milieu rural. Jean-Luc n’a pas vraiment le choix. « Il faudra ralonger la tournée ».
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