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ÉTATS-UNIS

Un programme de jogging sort des Américains sans-abri de la rue

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Une association américaine vient en aide aux sans-abris en leur demandant de se mettre au sport. Une façon pour Back on my feet de leur redonner estime de soi, force et confiance dans le cadre d'un programme sportif qui prévoit trois footings matinaux par semaine. 

Back on my feet est implantée dans 12 villes des États-Unis, elle recrute habituellement ses membres dans des centres d'accueil pour SDF ou dans des foyers. Une chose est demandée aux nouveaux : une attitude positive et la volonté de changer sa façon de vivre. Les membres courent tous les lundi, mercredi et vendredi matins avec d'autres volontaires qui ne sont pas à la rue. S'ils assistent à 90 % des séances pendant les 30 premiers jours du programme, ils peuvent passer à l'étape suivante.

"Next step" ("prochaine étape") est le nom de la deuxième phase du programme de réinsertion de l'association. L'objectif est de trouver un logement et un travail au sans-abri. Plusieurs formations sont proposées, comme des ateliers de rédaction de CV, des entraînements à l'entretien d'embauche et des cours d'éducation financière. Le programme peut être modifié en fonction des besoins de chacun : passer l'équivalent du baccalauréat, obtenir une qualification pour manœuvrer des chariots élévateurs ou travailler dans l'hôtellerie.

L'organisation est financée de différentes manières : de grosses entreprises comme AT&T, Accenture, Ernst & Young et Marriott apportent une aide financière et humaine lors des formations professionnelles ainsi que des offres d'emploi. La structure repose beaucoup sur le travail des bénévoles à l'échelle locale et récolte des fonds notamment lors de marathons et de diverses courses.

"Quand j'ai contacté l'association, je n'étais pas capable de me battre"

Je suis allée voir les gens de Back on my feet et j’ai juste dit que je voulais courir avec eux. À ce moment-là, je me contentais d'exister, je n’étais pas capable de me battre ni de vraiment survivre.

Je voulais trouver un travail me correspondant mais ne savais pas comment faire, après tant de tant de temps passé à être malade et coupée du monde. Je suis un cas peu habituel pour le programme : j’ai fait des études supérieures jusqu’au master, je ne fais pas partie d’une minorité, je n’ai pas d’enfants. Sur le papier, j’avais tout pour trouver un emploi.

Phaedra [au milieu] terminant le marathon de Chicago en 2016.

Il y ce truc que je nomme l’oisiveté des sans-abris. Quand vous êtes sans emploi, sans abri, vous ne pouvez rien faire : c’est trop cher de voyager, d’aller au musée ou même à la bibliothèque. Back on my feet traite le problème, parce que toutes les 48 heures, vous avez quelque chose à faire.

"Quelqu'un a attendu des heures pour m'encourager"

J’ai vite compris que leur seule attente était que je "revienne". Lors de ma première course, il y avait quelqu’un pour faire toutes les étapes avec moi ; il s’arrêtait quand je m’arrêtais, repatait quand je repartais. La règle est de ne laisser tomber personne.

Au début, je ne courais que la moitié d’un pâté de maison. Et en mai dernier, j’ai fait mon premier semi-marathon, c’est là que j’ai compris que j’étais une joggeuse. Les derniers kilomètres étaient très difficiles, je luttais, mais en arrivant dans la dernière ligne droite, j’ai entendu quelqu’un dans la foule crier la phrase que je prononce à chaque début et fin de course. C’était quelqu’un qui avait remporté la course dans sa catégorie, et attendait depuis des heures pour m’encourager. Que quelqu’un reste sur place juste pour ça… ça a eu un vrai impact sur moi.

Phaedra après son marathon à Chicago en 2016.

Depuis qu’elle a rejoint Back on my feet, Phaedra a trouvé un emploi à plein temps, et a même couru un marathon complet. Elle continue de courir trois fois par semaine.

Je dirais que la moitié de ma vie, c’est Back on my feet maintenant. Ce sont mes amis, mes confidents, c’est là que je passe mon temps, dépense mon argent, ils font partie des décisions que je prends. Ils ont eu un impact énorme sur ma vie. Je ne serais pas capable de faire mon travail, je n'aurais pas pu l’avoir trouvé s’ils n’avaient pas été là. C’est devenu un mode de vie.

"L'adrénaline donne aux coureurs cette sorte d'euphorie qui les motive pour tout le reste"

Katy Sherratt dirige l'associtaion Back on my feet.

C'est un sport ouvert, sans barrière, qui nécessite relativement peu d'entraînement. Il faut juste un trottoir et une paire de baskets. L'adrénaline et le sentiment d'avoir accompli quelque chose donne aux coureurs cette sorte d'euphorie qui les motive pour tout le reste. Neuf membres sur dix affirment que leur estime de soi et leur confiance s'est régulièrement améliorée parce qu'ils arrivent à faire quelque chose dont ils ne se sentaient pas capables. Si vous vivez dans un foyer pour sans-abris et luttez pour en sortir, courir peut vous donner un sentiment de calme et d'accomplissement. 

La PDG Katy Sherratt dans sa tenue de course.

Après avoir démissionné de son travail dans une grande multinationale à Chicago, Phaedra Malatek, 51 ans, a eu des problèmes de santé qui l'ont empêché de travailler pendant deux ans. Au moment où elle aurait pu reprendre, elle a eu le sentiment de ne plus en être capable, trouvait qu’elle avait perdu ses compétences et ses contacts. Elle s’est retrouvée à vivre dans une résidence sociale. C’est alors qu’elle a entendu parler de Back on my feet, et s’y est inscrite en juin 2015, après six mois de tergiversation.

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