Pourquoi on meurt encore de faim en Afrique

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Pourquoi on meurt encore de faim en Afrique

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Soudan du Sud, 10 mars 2017
Soudan du Sud, 10 mars 2017
© AFP - Albert Gonzalez Farran

vidéo. 20 millions de personnes risquent de mourir de faim dans quatre pays : trois en Afrique, et au Yémen voisin. Alors que la planète produit suffisamment pour nourrir deux fois la population mondiale, pourquoi la famine est-elle de retour ? En vidéo, quatre raisons pour comprendre.

"La pire crise humanitaire depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale" risque de se produire selon l'ONU, si aucune intervention d'urgence n'est menée en Afrique. Plus de 20 millions de personnes sont menacées par la famine dans quatre pays : Soudan du Sud, où la famine a été déclarée, Nigeria, Yémen, et Somalie, où l'insécurité alimentaire est critique. Quatre causes déterminantes sont expliquées en cartes animées pour comprendre pourquoi la famine réapparaît en 2017.

Quand la famine est déclarée, il est déjà trop tard. En Somalie, en 2011, 100 000 personnes étaient déjà mortes quand a été sonnée l'alerte internationale. Aujourd'hui, pour éviter une crise humanitaire d'une telle ampleur, l'ONU réagit vite : les appels à l'aide internationale, chiffrée à 4,4 milliards de dollars, retentissent depuis fin février. Quatre pays (trois en Afrique, plus le Yémen voisin) sont dans une situation d'alerte. Ces pays n'ont pas de frontière commune. Leur principal dénominateur commun : les conflits armés.

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Depuis 2006 en Somalie, 2009 au Nigeria, 2013 au Soudan du Sud et 2014 au Yémen, ces conflits ont créé les conditions de possibilité de la famine : instabilité des institutions, destruction des infrastructures (ponts, routes pour acheminer les aliments), appauvrissement des populations, envol des prix des céréales, absence de main d’œuvre suffisante, pillages, obstacles au déploiement de l'aide alimentaire d'urgence en prévention de situations à la gravité exponentielle, déplacements massifs de réfugiés... A ces faisceaux de raisons dues à la guerre, viennent se rajouter les conséquences de politiques de soutiens trop faibles à l'agriculture, pendant trop longtemps : du côté des gouvernements comme de l'aide publique au développement, les années 1990-début 2000 ont vu la part du développement agricole dans les budgets s'effondrer. Si ces ressources sont récemment remises au goût du jour (FMI, Banque mondiale, et les gouvernements africains eux-mêmes), les effets déstructurants de ces reculs plus anciens ont des conséquences encore aujourd'hui : recherche agronomique, diversification, anticipation des crises climatiques, stockage, réduction de la dépendance alimentaire... Ces résultats s'éprouvent sur le temps long.

Ces raisons essentiellement politiques - guerres et importance donnée au développement agricole, expliquent pour une grande part pourquoi ces quatre pays sont concernés par l'insécurité alimentaire, au point que plus de 20 millions de personnes sont menacées par la famine. Des suites de décisions humaines, largement évitables, donc.

A ECOUTER, A LIRE :

- " Soudan du Sud : la guerre civile, la faim et la fuite", reportages vidéo

- " Pourquoi la famine en Afrique de l'Est ne fait-elle pas la Une des journaux ?", La Fabrique médiatique

- " Pourquoi y a-t-il encore des famines ?", Du Grain à moudre

- " 20 millions de personnes menacées par la famine : questions sur une crise humanitaire", Les Matins