Succession d'Ayrault à Matignon : Valls favori, Fabius outsider

Succession d'Ayrault à Matignon : Valls favori, Fabius outsider

    Garder Jean-Marc Ayrault ou pas ? C'est la question que se pose le président en vue du remaniement qu'il envisage, selon plusieurs sources, entre les municipales et les européennes, donc entre le 30 mars et le 25 mai. « Tout est sur la table », indiquent ses proches. Y compris, donc, un changement de Premier ministre. Au gouvernement, certains décrivent un hôtel Matignon plongé dans l'expectative, regardant passer les balles du Pacte de responsabilité, géré en direct par l'Elysée. « Ils sont complètement largués... », soupire sous couvert d'anonymat un conseiller ministériel, qui a toutes les peines du monde à joindre les conseillers de la rue de Varenne sur ses dossiers.

    « Usé, vieilli, fatigué » le gouvernement Ayrault, pour reprendre la formule de Lionel Jospin ? « C'est quasiment la paralysie », décrit le même membre de cabinet, qui évoque une atmosphère de « fin de cycle » et d'« inertie ». Comme si la perspective d'un big-bang gouvernemental avait un effet paralysant sur les troupes. « C'est dur de barrer dans l'adversité avec un président à 19% dans les sondages » (selon une enquête TNS-Sofres), avoue un autre conseiller ministériel.

    L'option Valls...

    Résultat : les paris vont bon train sur les possibles « Premiers ministrables ». Avec, en pole position, Manuel Valls. Il avait bien failli être promu fin novembre déjà, après le fiasco de l'affaire Leonarda. Mais à ceux qui soufflent son nom avec insistance au président, celui-ci répond : « Pourquoi pas, mais qui tu vois d'autre ? » Comme s'il cherchait une alternative. Car Hollande s'inquiète que Cécile Duflot claque la porte s'il nommait Valls à Matignon. La ministre du Logement aurait en effet fait passer des messages signifiant qu'elle était prête à quitter le navire.

    « Le problème c'est les Verts, ça l'embête », explique un proche du président. « Ca poserait un souci pour la présidentielle », ajoute un pilier du PS, inquiet d'un éparpillement des candidatures à gauche en 2017. Les partisans -nombreux- d'une promotion de Valls s'agacent. « Les Verts pèsent 2% ! », proteste l'un. « Duflot est déjà à moitié dehors », relève un autre. Le ministre de l'Intérieur, prudent, se garde pour sa part de tout commentaire. « Il est trop lucide pour ne pas savoir que Matignon est un soleil, mais qu'à la fin tout le monde s'y brûle les ailes », constate un ministre qui l'apprécie.

    Où l'option Fabius ?

    Au sommet de l'Etat, un autre nom circule en cas de changement à Matignon. Celui de Laurent Fabius, dont le bilan au Quai d'Orsay est salué. Il y a pile trente ans, en 1984, François Mitterrand en faisait le plus jeune Premier ministre de la Ve République. « Fabius se tient prêt. Hollande lui a demandé de travailler sur un dispositif », croit savoir une source gouvernementale.

    Ce serait un sacré retournement : quand il était à la tête du PS, Hollande avait évincé Fabius, alors son ennemi juré, du poste de numéro deux du parti pour avoir défendu le « non » à la Constitution européenne. Info ou intox ?

    Pour certains dans la majorité, l'hypothèse Fabius ne serait qu'un leurre pour donner l'impression que le président a l'embarras du choix, et qu'il n'a pas que la carte Valls dans son jeu. Car il y a une chose que Hollande déteste par-dessus tout : être sous contrainte. Comme dit l'un de ses amis : « Il a horreur d'être pressé, dans tous les sens du terme. Si vous le mettez en pression, c'est là qu'il met la soupape pour faire redescendre la vapeur. »