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Condamnés pour "adultère" au Maroc : 2 ans de prison ferme pour la femme, 7 mois pour l’homme

Condamnés pour "adultère" au Maroc : 2 ans de prison ferme pour la femme, 7 mois pour l’homme

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Une jeune femme d'affaires marocaine a été condamnée cette semaine au Maroc par la chambre criminelle de Rabat à deux ans de prison ferme pour adultère, celui-ci étant aujourd'hui encore interdit dans le royaume. Une peine lourde... et bien moins importante pour l'amant.

2 ans de prison ferme pour elle, 7 mois pour lui. Poursuivis pour les mêmes faits, à savoir l'adultère, une célèbre femme d’affaires marocaine de 38 ans, Hind Achabi, dirigeante de Dalia Air - compagnie aérienne marocaine spécialisée dans le transport aérien de luxe – et son amant, Mohsine Karim Bennani, un entrepreneur à succès, n’ont pas subi le même sort. Les magistrats de la chambre criminelle de Rabat en charge du dossier ayant en effet estimé, en appel, cette semaine, que dans l’affaire, la femme était bien plus coupable que l’homme.

Une décision qui fait l’objet de critiques au Maroc notamment parmi les milieux associatifs de défense des droits des femmes, qui militent depuis plusieurs années pour l’abrogation des articles de loi 490 et 491. Ces deux textes stipulent l’interdiction des relations sexuelles hors mariage et l'interdiction de l’adultère avec, comme premières victimes, les femmes, dénoncent les associations.

Le poids des religieux au Maroc

Dans le cas d’Hind Achabi, le traitement qui lui est infligé est d’autant plus choquant que, selon son avocat, Me Mohamed Faziou, cité par le quotidien espagnol El Pais, sa cliente aurait divorcé de son ancien mari, un diplomate koweïtien en poste à Vienne, en 2014. Seulement celle-ci n’a "pas pu obtenir du Koweït", d’après Me Faziou, les documents du divorce. Or le procès pour adultère a eu lieu en raison de la plainte déposée par l’ex-mari d’Hind Achabi. La qualification même du chef d'inculpation poserait ainsi problème.

Egalement condamnée pour "falsification de documents", la jeune femme d'affaires réfute par ailleurs, toujours par la voix de son avocat, toute falsification dans la mesure où le document incriminé n’est qu’une "photocopie". Elle avait écopé de trois ans de prison ferme en première instance.

Régulièrement confronté à ce type d’affaires - comme l’a récemment illustré la condamnation d’un couple homosexuel à une peine plus lourde que celle prononcée contre ses agresseurs (l’homosexualité est pénalisée au Maroc par l’article de loi 489) - le royaume dirigé par les islamistes du PJD n'a pas l'intention pour l'heure de légiférer sur le sujet.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne