Un vent de renouveau souffle-t-il sur la vie politique en Russie ? C’est ce que veulent croire plusieurs éditorialistes russes au lendemain des vastes manifestations qui ont eu lieu le 26 mars dans près de 100 villes à travers le pays. Personne ne s’attendait à ce qu’autant de personnes sortent dans la rue, à l’appel de l’opposant Alexeï Navalny, pour protester contre la corruption.

Pour le site d’information Colta.ru, il s’agit des “manifestations les plus massives depuis 2011-2012 [après les élections législatives et présidentielle], et sans doute même des dix dernières années”.

Les régions ont par ailleurs fait preuve d’une “très forte mobilisation”, alors que jusqu’ici Moscou a toujours été l’épicentre de la contestation. À Saint-Pétersbourg, Tioumen, Novossibirsk, Tambov, Perm, “les régions russes étaient plus remontées et [leurs revendications] plus fortes que dans la capitale”, poursuit le site.

Cours de patriotisme et censure à l’école

Autre fait marquant, évoqué par les commentateurs, le rajeunissement des manifestants. Personne n’a vu venir “la cohorte des 14-20 ans”, note Novaïa Gazeta, un “nouveau groupe social” qui préfère à Facebook le réseau social russe VKontakte et les messageries instantanées. “Il existe désormais deux Internets. Le premier, Facebook et Twitter, est saturé de trolls et de conservateurs”, constate le journal.

Or, poursuit Novaïa Gazeta, l’école tente d’enfermer ces jeunes dans le carcan de l’idéologie, via les “cours de patriotisme, l’enseignement des fondements de la culture orthodoxe et la censure”.

L’expérience d’un élève de terminale aujourd’hui, c’est Poutine et Medvedev à n’en plus finir, l’hostilité vis-à-vis du monde entier, la propagande déchaînée et les adultes qui mentent.”

Livrés à eux-mêmes, écœurés par l’éducation patriotique qu’on leur inculque, sans perspective d’avenir – les meilleurs postes sont réservés aux rejetons de l’élite –, ces jeunes se sont insurgés contre “l’injustice féodale”, à laquelle ils sont confrontés au quotidien, commente de son côté le site d’information Znak.