La justice allemande a ouvert mardi 28 mars une enquête contre X sur des soupçons d’espionnage de la part de la Turquie envers des partisans du prédicateur Fethullah Gülen en Allemagne, ouvrant un nouveau front dans la crise germano-turque.
L’affaire a été révélée par un haut responsable régional allemand, qui affirme qu’Ankara avait demandé à Berlin de l’aider à espionner en Allemagne 300 personnes et organisations jugées proches du mouvement Gülen. Cette organisation est accusée par le pouvoir turc du putsch raté de l’été dernier. « Il est clair que les services secrets turcs espionnent des personnes vivant en Allemagne », a assuré le ministre de l’intérieur de Basse-Saxe, Boris Pistorius, en dénonçant la volonté « paranoïaque » de la Turquie d’espionner en Allemagne des partisans du prédicateur exilé aux Etats-Unis.
« Il faut vraiment creuser l’affaire »
Le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière, a, lui, souligné que l’espionnage en Allemagne par des pays tiers était « passible de poursuites judiciaires ». « Nous n’acceptons pas ce genre d’activités sur notre sol », a-t-il insisté. De son côté, le chef de la diplomatie, Sigmar Gabriel, a jugé que si le renseignement turc était opérationnel sur le sol allemand, cela constituerait « une activité grave ». « Il faut vraiment creuser l’affaire », a-t-il précisé.
Le parquet fédéral va maintenant chercher à déterminer si la Turquie a effectivement compilé des informations sur des partisans de M. Gülen vivant en Allemagne. Environ 10 à 15 de ces cibles, dont au moins une école et deux entreprises, se trouvent en Basse-Saxe et seront informées par les autorités régionales qu’elles sont espionnées et risquent à ce titre « des représailles pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement » en se rendant en Turquie, a précisé M. Pistorius.
L’insistance d’Ankara à faire porter à Fethullah Gülen la responsabilité du coup d’Etat manqué de juillet 2016 a déjà été l’occasion de tensions germano-turques ces dernières semaines, parmi les nombreux sujets de discorde entre les deux pays.
Les relations entre la Turquie et l’Allemagne, ternies sur de nombreux fronts depuis la vaste répression engagée par Ankara après le putsch, se sont fortement dégradées en mars à la suite de l’annulation de meetings favorables au président turc, Recep Tayyip Erdogan, par plusieurs villes allemandes. Le chef de l’Etat turc avait alors accusé la chancelière, Angela Merkel, de « pratiques nazies ».
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