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C'est une fouille que Philippe Cayn, archéologue à l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), n'est pas près d'oublier. Il avait été chargé de creuser à l'emplacement d'un futur internat pour les lycées Gide et Guynemer de la ville d'Uzès, dans le Gard. Certes, il s'attendait à déterrer de vieux vestiges, mais de là à tomber sur deux mosaïques d'une telle beauté, c'était inespéré. Elles occupent près de 100 mètres carrés sur deux salles appartenant probablement à un édifice public. Les motifs géométriques sont constitués de motifs ornementaux formés d'enroulements se reliant de façon continue, ornés de svastikas. Un des médaillons est entouré de quatre animaux polychromes, un hibou, un canard, un aigle et un faon.
Le bâtiment semble avoir perdu sa fonction seulement quelques décennies plus tard : les mosaïques ne sont plus entretenues, le sol est remplacé par une surface bétonnée plus rudimentaire. Mais le site a encore livré d'autres bâtiments, dont un de plus de 500 mètres carrés, que les archéologues imaginent pouvoir être une habitation. Plusieurs vestiges de dolia (grosses jarres) attestent une activité vinicole. Cette maison subit plusieurs transformations au cours des siècles, avec notamment une nouvelle pièce dotée d'un chauffage par le sol. Celui-ci est posé sur des piles de briques, laissant de grands espaces où circule la chaleur. Un portique se dresse dans la cour. Ailleurs, les fouilleurs ont mis au jour une sole de four à pain. "La première occupation du site pourrait remonter au premier siècle avant notre ère quand des gens venaient ici exploiter le calcaire", note Philippe Cayn.
La fouille montre que ce secteur est activement fréquenté jusqu'au VIIe siècle. Jusqu'à présent l'existence de l'Uzès primitif n'était connue que par une inscription géographique – Ucetia – à Nimes. Cette fois-ci, elle sort de terre et avec quelle maestria.
Le Duché d'Uzès est déjà une pure merveille, et ces découvertes extraordinaires vont encore en renforce l'attrait. La civilisation gallo-romaine était flamboyante, il ne faut pas l'oublier.
Ces merveilles datent d'une époque à laquelle le travail, même de cette qualité, ne coutait rien. Non seulement ces techniques sont oubliées, mais peu de gens ou de collectivités pourraient les rémunérer.
Celle qui sont retrouvées sont classées, restaurées, puis protégées.
Uzès était déjà très bien placée pour ce qui est de l'histoire, dont elle ne serait pas devenue "capitale" en un tournemain : de la source alimentant l'aqueduc desservant Nimes au château des ducs, de la cathédrale aux belles demeures privées, il y avait déjà de quoi faire ! Mais vérifier la réalité d'Ucetia, c'est un plus...