À compter du mardi 28 mars, tous les demandeurs d’asile présents en Hongrie ou y arrivant doivent être regroupés dans deux camps fermés installés à la frontière serbe, à Röszke et à Tompa.

Adoptée à l’unanimité par le parlement hongrois début mars, la nouvelle législation vise à « empêcher les migrants dont le statut n’est pas clairement défini de se déplacer librement sur le territoire national et au sein de l’Union européenne, et donc de réduire les risques sécuritaires liés aux migrations ».

Dans l’attente d’une décision définitive de leur demande d’asile

« À partir d’aujourd’hui, les zones de transit élargies fonctionnent 24 heures sur 24 pour les demandeurs d’asile », a annoncé György Bakondi, conseiller du premier ministre Viktor Orban pour les affaires de sécurité intérieure. Les migrants devront y séjourner dans l’attente d’une décision définitive concernant leur demande d’asile et il ne leur sera possible de quitter les lieux qu’en cas d’avis positif ou s’ils retournent en Serbie.

Les camps, qui ne sont pas ouverts à la presse, ont été équipés de 324 conteneurs habitables. Le gouvernement hongrois a également assuré qu’ils sont dotés d’équipements de confort moderne et que leurs occupants bénéficieront de trois repas par jour, ainsi que d’un accès aux soins et aux moyens de télécommunication.

Mais la mesure a suscité de vives critiques de la part des ONG de défense des droits de l’homme. L’Union européenne a de son côté appelé au respect de ses « principes » humanitaires.

En Hongrie, la mise en détention systématique des migrants entre en vigueur

Appel au respect des « principes » de l’Union européenne

En visite à Budapest, le commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos, a appelé mardi 28 mars au respect des « principes » de l’Union européenne, sans évoquer explicitement la nouvelle mesure. « Notre Union prévoit d’apporter à ceux qui en ont besoin une aide humaine, digne et respectueuse », a-t-il déclaré après une rencontre avec le ministre de l’intérieur hongrois Sandor Pinter. « Cela signifie accorder un accès réel au processus d’asile » et garantir « une possibilité d’un appel impartial des décisions ».

Le Comité d’Helsinki a pour sa part annoncé mardi avoir obtenu de la Cour européenne des droits de l’Homme le blocage en référé, la veille au soir, du « transfert de huit demandeurs d’asile mineurs non accompagnés et d’une femme traumatisée en situation de grossesse à haut risque ».

En 2013, Budapest avait renoncé à la mise en détention systématique des demandeurs d’asile sous la pression de l’Union européenne et du HCR.

Viktor Orban, coutumier des provocations envers ses partenaires européens, avait reconnu en janvier 2017 que la réintroduction d’une telle mesure, contraire au droit européen, irait « ouvertement contre l’UE ».