Manuel Valls a annoncé, mercredi 29 mars, qu’il voterait pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle. « Je prends mes responsabilités, a-t-il expliqué sur BFM-TV et sur RMC. Ce n’est pas une question de cœur, mais une question de raison. » Une décision qui a immédiatement provoqué la colère de Benoît Hamon et de ses soutiens et a déclenché une série de réactions de colère au sein du Parti socialiste.
A la mi-journée, mercredi, le candidat de la primaire de la Belle Alliance populaire a lancé un « appel solennel » aux électeurs de gauche, leur demandant « de réagir » et « de sanctionner ceux qui se prêtent à ce jeu morbide ».
« Je vous demande (…) de tourner la page de cette vieille politique, de tourner le dos à ces politiciens qui ne croient plus rien et qui vont là où le vent va, au mépris de toute conviction. »
Depuis son QG, le candidat socialiste a ensuite appelé au rassemblement à gauche autour de sa candidature.
« J’appelle désormais tous les électeurs, ceux qui se sont engagés dans la lutte contre les injustices, j’appelle les sociaux-démocrates intimement attachés au progrès social et à la démocratie, mais aussi le Parti communiste, les communistes et Pierre Laurent, les Insoumis et Jean-Luc Mélenchon, à réunir leurs forces aux miennes. (...) J’ai une position centrale à gauche, je suis le seul à pouvoir créer les conditions d’une majorité de gauche pour gouverner. Je refuse le vote témoignage. »
Dans la foulée de cette conférence de presse, le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a appelé à une rencontre avec Mélenchon, Hamon et Jadot en vue d’une « candidature commune ». « C’est plus que jamais nécessaire et, désormais, possible dans la clarté », a-t-il affirmé dans un communiqué.
De son côté, Yannick Jadot, vainqueur de la primaire des écologiste et soutien de Benoît Hamon a fait savoir que le candidat socialiste reste « central » à gauche malgré la position de Manuel Valls.
De son côté, le Parti radical de gauche s’oppose à une union entre MM. Hamon et Mélenchon. Dans un communiqué les radicaux affirment que ces « nouvelles tractations (…) trahissent l’esprit de la primaire de la gauche ».
« Ces primaires, bâties autour de candidats se reconnaissant dans la gauche de progrès et de gouvernement, n’ont pas été rejointes volontairement par La France insoumise ou le Parti communiste à l’époque. »
Cambadélis appelle au calme
Plus tôt dans la journée, Arnaud Montebourg a signé l’attaque la plus virulente contre Manuel Valls. « Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l’honneur d’un homme comme Manuel Valls : rien », a réagi, sur Twitter, l’ancien ministre de l’économie, qualifiant son ex-collègue d’« homme sans honneur ». La députée PS Karine Berger a dénoncé un comportement « minable », quand son collègue Philippe Baumel a parlé d’« un dernier 49-3 médiatique pour casser la gauche ».
La maire de Lille, Martine Aubry, a mis en avant sur Twitter, « [s]a conception de l’honneur et de l’éthique », elle qui s’était fait battre par François Hollande, au second tour de la primaire de la gauche en 2011 :
Le codirecteur de campagne du candidat PS, Mathieu Hanotin, a évoqué sur BFM-TV une « minable tentative de sabotage », ajoutant :
« Je trouve toujours bizarre ces responsables politiques qui font appel à ce qu’il y a de plus beau dans notre République, à la démocratie, à ces grands concepts, pour finalement, à la fin, défendre uniquement leurs propres intérêts. »
Patrick Mennucci a aussi critiqué Manuel Valls, s’adressant directement à lui sur Twitter : « Tu nous fais honte. » Le député PS des Bouches-du-Rhône a par ailleurs déclaré au Monde qu’il se sentait « trahi par un premier ministre dont [il a] soutenu le gouvernement pendant deux ans ». « Manuel Valls n’imagine pas le mépris qu’il génère […]. Aujourd’hui, je ne vois pas comment je pourrais m’asseoir dans la salle d’un congrès PS avec lui à la table », dit-il.
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s’est dit « triste » de la décision de Manuel Valls de soutenir Emmanuel Macron, appelant « tous les socialistes au calme », sans évoquer d’éventuelles sanctions :
« Je suis triste de ne pas avoir réussi à convaincre Manuel Valls de ne pas soutenir Emmanuel Macron. Je combats cette position. Notre candidat, après la primaire et la convention unanime des socialistes, est Benoît Hamon. Il doit représenter tous les socialistes, les radicaux et tous les écologistes. »
« Emmanuel Macron, c’est François Hollande »
Dans une tribune publiée dans Le Monde mercredi par des soutiens de M. Hamon, comme l’économiste Thomas Piketty et la sociologue Dominique Méda, un collectif d’intellectuels et d’artistes dénonce « le silence assourdissant » de la direction du PS et de Jean-Christophe Cambadélis face aux défections.
Le ralliement d’Emmanuel Macron fait aussi réagir à droite. François Fillon a affirmé que le ralliement de Manuel Valls à Emmanuel Macron montrait que le candidat d’En marche !, « c’est François Hollande ». « Toute l’équipe de François Hollande est autour d’Emmanuel Macron. C’est ce que j’ai toujours dit, Emmanuel Macron, c’est François Hollande », a déclaré M. Fillon, interrogé en marge d’une réunion au Conseil supérieur du notariat.
Laurent Wauquiez, vice-président du parti Les Républicains, avait déjà estimé sur Franceinfo que la candidature Macron « devient l’usine de recyclage des opportunistes de tous bords de la politique française ».
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