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Au Somaliland, une sécheresse mortelle

La région d’Afrique de l’Est, indépendante du reste de la Somalie depuis 1991, est l’épicentre de la pénurie d’eau qui menace de famine 13 millions de personnes.

Par  (Somaliland, envoyé spécial)

Publié le 30 mars 2017 à 06h39, modifié le 30 mars 2017 à 15h08

Temps de Lecture 8 min.

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Afnan Farxaan Abdi, 2 ans, a été admise à l’hôpital de Borama, au Somaliland, le 21 mars. Elle pèse 4,6 kilos et souffre de malnutrition aiguë sévère.

Vu du ciel, ça ne ressemble déjà plus à rien. Depuis l’avion qui se pose tant bien que mal entre les bourrasques de poussière, le Somaliland se dévoile peu à peu. Les seules couleurs : des tracés blanchâtres laissés par des rivières asséchées et des taches sombres de buissons brûlés. Tout le reste, jusqu’à l’horizon, est jaune pâle, de ce sable qui recouvre tout et colore jusqu’aux nuages. La sécheresse a transformé un territoire entier en monochrome.

Le Somaliland, qui a déclaré son indépendance du reste de la Somalie en 1991, niché au cœur de la Corne africaine, est à l’épicentre de cette sécheresse qui frappe aujourd’hui toute l’Afrique de l’Est et menace de famine près de 13 millions de personnes dans la région (dont plus 1,6 million rien qu’au Somaliland – près de la moitié de la population).

La route de la sécheresse commence par l’ouest et la région d’Awdal. Lors de la dernière saison des pluies (la deyr, d’octobre à décembre), il est tombé ici un tout petit peu plus d’eau que dans le reste du territoire. Il n’en fallait pas plus pour attirer des masses de déplacés, venus de l’est somalilandais avec leurs troupeaux et leurs malades, à la recherche d’eau, de nourriture ou de pâturages. A l’échelle de la Somalie, l’ONU estime que 257 000 personnes se sont déjà mises en marche, dont plusieurs dizaines de milliers au Somaliland.

Najah Saleban, 11 mois, est réhydratée afin de lutter contre les symptômes de malnutrition, à l’hôpital de Borama, le 21 mars.

L’hôpital régional de Borama, la grande ville de l’ouest, est débordé. Les médecins courent d’un bâtiment à l’autre, incapables de donner l’identité de leurs patients, trop nombreux. « Les gens viennent de partout : du Somaliland, mais aussi d’Ethiopie, de Djibouti ou de l’océan Indien, à plusieurs centaines de kilomètres ! C’est du jamais vu », s’alarme Nasir Ibrahim Said, le responsable des programmes de santé. L’établissement décati, dans lequel s’entassent des dizaines de familles jusque dans les jardins, n’a pourtant qu’une trentaine de lits à proposer dans son service de malnutrition.

Celui-ci est étrangement silencieux. Pas un cri. Pas un bruit. Mais c’est un calme trompeur : ces bébés, souvent inconscients, ont perdu le tiers ou la moitié de leurs poids en quelques semaines. Ils n’ont plus la force de pleurer. « On a des pneumonies, des diarrhées très aiguës, des vomissements… Dans la campagne, les gens n’ont plus rien à boire ou manger. Au mieux, ils donnent des spaghettis et du thé à leurs bébés, qui ne peuvent pas les digérer », poursuit M. Said.

Aux urgences, derrière des rideaux crasseux, ont été installés les cas les plus tragiques. On en ouvre un au hasard. Une fillette, assise au sol sur un pagne, lève les yeux. Elle s’appelle Faysa Hassan, a les joues creusées, le regard perdu. Le diamètre de son bras ne dépasse pas celui d’une balle de ping-pong. A 5 ans pour 11 kg, elle pèse deux fois moins qu’un enfant de son âge. « Elle ne fait plus qu’un seul repas par jour. Elle ne parle plus », explique sa tante. On n’en saura guère plus : la mère n’est pas là. Elle viendra plus tard, croit-on. Le rideau se ferme. Le silence revient.

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