Affaire des lingots d’or : la maire (LR) de Puteaux au cœur d’une enquête

Joëlle Ceccaldi-Raynaud disposerait de 102 lingots d'or dans un compte au Luxembourg.

Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire de Puteaux, le 11 juin 2015.
Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire de Puteaux, le 11 juin 2015. LP/Thibault Chaffotte

    L'affaire des lingots d'or de Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire (LR) de Puteaux, intéresse désormais les policiers de l'Office central de lutte contre les infractions fiscales et financières (OCLIFF). Et ces enquêteurs, saisis depuis mai dernier, se concentrent aussi sur la fille de l'édile, Emilie Franchi, soupçonnée de fraude fiscale, comme le révèle Mediapart ce jeudi [article payant]. Leurs investigations s'inscrivent dans le cadre d'une enquête «ouverte en mai 2016 pour blanchiment de fraude fiscale, élargie à la fraude fiscale en janvier», précise le parquet de Nanterre.

    Pour comprendre, mieux vaut remonter à l'origine de l'affaire : l'instruction interminable sur le marché du chauffage à La Défense, qui vaut à Charles Ceccaldi-Raynaud, père de Joëlle et ancien maire de la ville -aujourd'hui retiré dans le sud de la France- d'être mis en examen depuis dix ans pour «favoritisme, recel d'abus de biens sociaux et corruption passive ». Devant le juge chargé d'instruire ce dossier, Charles Ceccaldi-Raynaud avait chargé sa fille, l'accusant d'avoir elle-même empoché des centaines de milliers d'euros de bakchich dans l'affaire de la chaufferie, et de disposer d'un compte au Luxembourg. Un compte garni de 102 lingots d'or.

    La fortune en lingots n'est jamais apparue dans les déclarations fiscales de Joëlle Ceccaldi

    A l'époque -nous sommes en 2008- Charles Ceccaldi-Raynaud fait campagne contre sa fille, présentant sa propre une liste pour les municipales. Et tous les coups sont permis. Informés de cette révélation, les enquêteurs sont alors chargés d'investiguer au Luxembourg. Et des années plus tard… soit en mai 2016, le parquet de Nanterre a ouvert l'enquête pour «blanchiment de fraude fiscale». Parce que la fortune en lingots n'est jamais apparue dans les déclarations fiscales de Joëlle Ceccaldi. Entre-temps, les lingots ont transité vers une autre banque : la mère a fait don du compte à sa fille, et celle-ci a choisi de transformer l'or en numéraire. Il y en avait pour 3,8 M€ avant la crise financière de 2008, environ 2,5 M€ après. «L'origine familiale des fonds n'a jamais été remise en cause», précise l'avocat de Joëlle Ceccaldi-Raynaud, Me Rémi-Pierre Drai.

    Peu importe, pour le fisc, l'argent n'a été ni déclaré, ni rapatrié. C'est pourquoi à l'issue d'un contrôle fiscal, Bercy a déposé plainte au parquet pour «fraude fiscale». Il y a quatre semaines, les enquêteurs ont perquisitionné le domicile de Joëlle Ceccaldi-Raynaud, ainsi que celui de sa fille. La suite la plus probable des événements est la convocation de la mère et de la fille, pour répondre aux questions des policiers. Me Rémi-Pierre Drai précise que sa cliente a régularisé sa situation après un contrôle fiscal. «Aujourd'hui, c'est une femme politique qu'on veut abattre», estime-t-il.

    Christophe Grébert, élu d'opposition, a de nouveau évoqué les lingots, mercredi soir lors de la séance du conseil municipal. Joëlle Ceccaldi a donc promis de le poursuivre en justice pour diffamation. «Je lui ai juste dit qu'elle faisait de l'évasion fiscale, je n'invente rien», tacle Christophe Grébert, qui se dit «satisfait» de l'ouverture de cette enquête préliminaire. «La justice soupçonne depuis années l'existence de ces lingots. Je regrette juste qu'elle ait mis si longtemps pour ouvrir cette enquête.»